Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

5.2.2 Détermination des coûts d'un procédé de protection des stocks

Table des matières - Précédente - Suivante

Le prix de revient d'un procédé de protection des stocks englobe les coûts occasionnés par le procédé de stockage et la (les) mesure(s) de protection des stocks. Le calcul des coûts doit également tenir compte des exigences supplémentaires en capital et/ou en main d'oeuvre qu'entraîne l'introduction de nouveaux procédés ou la modification de procédés déjà appliqués.

5.2.2.1 Structure des coûts d'un procédé de stockage

Les coûts d'un procédé de stockage se décomposent en frais d'entrepôt, d'auxiliaires de stockage, de préparation de la marchandise à stocker, ainsi qu'en frais d'emmagasinage et de sortie d'entrepôt. Pour calculer les frais d'entrepôt et d'auxiliaires de stockage, il faut d'abord établir l'annuité. Les frais d'emmagasinage et de sortie d'entrepôt, de même que les frais de préparation de la marchandise, entraînent des frais de main d'oeuvre, et éventuellement des frais de matériel technique.

a) Frais d'entrepôt

Les frais d'entrepôt interviennent uniquement lorsque l'on est obligé de procéder à des aménagements spéciaux dans l'entrepôt pour pouvoir accueillir la marchandise. Il s'agit en général de bâtiments ou similaires, donc d'installations fixes, dont la durée d'utilisation est relativement longue et qui exigent un capital relativement important. Si la marchandise est au contraire stockée dans des pièces d'habitation, étables ou autres bâtiments de l'exploitation agricole, l'entrepôt n'entraîne pas de coûts.

D'un point de vue général, les coûts moyens annuels d'un entrepôt, que l'on appelle encore annuités, se composent des amortissements, des frais d'entretien et d'assurance, ainsi que d'un certain taux d'intérêt pour l'immobilisation de capital (tableau 5.5).

Tabl. 5.5: Structure des coûts pour le calcul des annuités d'un entrepôt

Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 4
Amortissements Frais de production Frais de matériel Quantité utilisée
Coût de facteurs de production
Frais de transport Niveau de prix du transport
Frais de main d'oeuvre Niveau de salaires ou frais d'exploitation main d'oeuvre
Durée d'utilisation
Frais de démolition Frais de main d'oeuvre Niveau de salaires ou frais d'exploitation main d'oeuvre
Frais de transport Niveau de prix du transport
Frais d'entretien Facteur coûts des réparations  
Frais de production  
Frais d'assurance Conventions contractuelles  
Taux d'intérêt Taux d'intérêt Taux d'intérêt  
de calcul de crédit  
Amortissements cf. niveau 1  
Frais d'entretien cf. niveau 1  
Frais d'assurance cf. niveau 1  

Dans la pratique, on peut établir les frais d'entrepôt sous la forme d'un simple calcul des frais moyens. Cette méthode fait intervenir les amortissements, le taux d'intérêt et les frais de réparations sous forme de coûts moyens. Voici une approche de cette méthode:

d'où

K(j) = coûts moyens annuels
Afa(j) = amortissements
Z(j) = taux d'intérêt
I(j) = frais d'entretien moyens

avec

il s'ensuit

d'où

E = frais de construction
A = frais de démolition
N = durée d'exploitation
(q-1) = taux d'intérêt de calcul
r = facteur coûts des réparations

d'où

= facteur taux d'intérêt; pour P (en %) = taux d'intérêt

Cette approche de calcul des coûts est suffisante lorsqu'il s'agit du stockage chez les petits cultivateurs, dans la mesure où les entrepôts représentent en général une Immobilisation de capital moindre et où leur durée d'exploitation est réduite. Dans les magasins à grande capacité et les entrepôts collectifs (adaptés à la fumigation), elle peut servir pour le calcul approximatif.

Pour déterminer correctement les coûts moyens, il faut avoir recours à la méthode des annuités qui exige, notons-le, de plus en plus de calculs au fur et à mesure que la durée d'exploitation se prolonge. Il est recommandé dans un tel cas de recourir à la méthode de calcul approximatif des annuités de SCHNEIDER, reprise par REISCH et ZEDDIES (1983, p. 62). L'approche d'évaluation modifiée se présente alors comme suit:

Le facteur immobilisation de capital pourra être emprunté en l'occurrence aux tableaux ou établi au moyen de la formule suivante:

b) Coûts des auxiliaires de stockage

Les auxiliaires de stockage sont des objets mobiles, mis en oeuvre dans le cadre d'une méthode de stockage. Il s'agit en l'occurrence de biens de consommation durables, à durée d'utilisation variable, et qui nécessitent également des besoins en capital plus ou moins importants. Exemples d'auxiliaires de stockage: les palettes, les sacs et les bâches.

Si les auxiliaires de stockage sont utilisés sur plusieurs périodes de stockage, le calcul des coûts se fera de la même manière que pour l'entrepôt. En cas d'achat de ces auxiliaires de stockage, les frais occasionnés correspondent aux frais d'acquisition, frais de transport compris. Si les matériels sont fabriqués sur l'exploitation, on tiendra uniquement compte des frais de main d'oeuvre. Ces matériels n'entraînent en principe pas de frais d'assurance, et les coûts de réparation sont plus ou moins négligeables. Lorsque les matériels (par ex. les palettes) sont utilisés après usage à d'autres fins (bois de chauffage), on peut alors inscrire une valeur résiduelle.

En cas d'utilisation sur plusieurs années, les annuités d'un auxiliaire de stockage se calculent selon la formule suivante:

respectivement

d'où

A = Prix d'achat
Rw = Valeur résiduelle
N = Durée d'utilisation
(q-1) = Taux d'intérêt de calcul
f = Facteur d'immobilisation de capital
r = Facteur coûts de réparation

Si les matériels ne sont utilisés que pour une seule période de stockage, il faut prendre en compte leur prix d'achat ou coût de fabrication. ainsi qu'un certain taux d'intérêt pour le capital investi.

c) Frais de préparation de la marchandise stockée

Les frais de préparation interviennent lorsque l'on modifie la forme du produit avant sa mise en stocks. Exemple d'une telle modification: le déspathage et l'égrenage du maïs. avant le stockage en sacs. Ces opérations nécessitent de la main d'oeuvre. L'évaluation des frais de main d'oeuvre est à intégrer au calcul en vertu des critères relatifs aux dépenses de main d'oeuvre mentionnés au chapitre précédent.

Tabl. 5.6: Structure de coûts des matériels de stockage

Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3
Frais fixes Taux d'intérêt Taux d'intérêt de calcul
Assurance Conventions contractuelles
Entreposage  
Frais variables sous conditions Amortissements Prix d'achat
Durée d'utilisation en temps ou en prestations
Valeur résiduelle
Frais proportionnels variables Produits d'entretien Quantité mise en oeuvre
Coûts des facteurs de production
Entretien  
Frais non proportionnels variables Coûts de réparations Facteur coûts de réparation
Prix d'achat

Les coûts occasionnés par les matériels utilisés (machines et appareils) doivent être pris en compte pour le calcul des prix de revient (tableau 5.6). Ces frais comprennent les postes de coûts suivants: taux d'intérêt, assurances, entreposage, amortissements, produits d’entretien, entretien et réparations.

Pour calculer exactement les coûts liés aux auxiliaires de stockage. il faut tenir compte. comme dans le modèle de calcul des coûts des machines de SCHAEFER-KEHNERT. repris par REISCH et ZEDDIES (1983, p. 66), du seuil d'amortissements. Du fait que l’on n'emploie pas au Togo de matériels techniques dans la protection des stocks. nous nous dispenserons ici d'indiquer une méthode de déduction mathématique de ce facteur de coûts (voir à ce sujet ALBERT 1990).

d) Frais d'emmagasinage et de sortie de magasin

Il est fréquent que l'emmagasinage en greniers traditionnels soit effectuée avec l'aide d'amis, de voisins et de parents. Le propriétaire du maïs fait alors distribuer aux personnes présentes boissons et aliments. Ces dépenses sont à passer en compte à titre de frais d'emmagasinage.

La sortie de magasin intervient en général par étapes, en fonction des besoins, ce qui fait que les frais de sortie sont inexistants, ou tout du moins minimes. Au niveau du stockage à grande capacité, la mise en stocks et la sortie de magasin sont effectués manuellement ou à l'aide de machines et d'appareils. Pour déduire les frais de main d'oeuvre et les coûts du matériel, se référer au procédé décrit plus haut.

5.2.2.2 Structure des coûts d'une mesure de protection des stocks

D'un point de vue global, les coûts d'une mesure de protection des stocks comprennent les coûts des produits, les frais d'achat et les frais d'application, ainsi que les frais de capital de roulement (tableau 5.7).

S'il est nécessaire d'acheter les produits de protection des stocks, le coût de ces produits est déterminé par la quantité mise en oeuvre et le coût des facteurs de production. La variabilité de la quantité mise en oeuvre est étroitement limitée par deux impératifs: la quantité minimale à appliquer pour que le produit fasse de l'effet d'une part, et les quantités maximales autorisées par la législation de l'autre. Les frais supplémentaires accompagnant éventuellement l'acquisition des produits de protection des stocks peuvent être calculés sur la base d'une quote-part pour le transport ou la main d'oeuvre.

Tabl. 5.7: Structure des coûts d'une mesure de protection des stocks

Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 4
Coûts des produits Quantité utilisée    
Coûts des facteurs de production    
Frais d'acquisition Frais de main d'oeuvre Niveau de salaires ou frais d'utilisation de main d'oeuvre  
Frais de transport Niveau des prix de transport  
Frais d'application Frais de main
d'oeuvre
Niveau de salaires ou frais d'exploitation main d'oeuvre  
Frais de matériels cf. tableau 5.6  
Coûts des matières
auxiliaires
Coûts des produits cf. niveau 1
Frais d'acquisition cf. niveau 1
Taux d'intérêt Taux d'intérêt de calcul Taux d'intérêt de crédit  
Capital investi cf. niveau 1  

Lorsque les produits de protection des stocks sont fabriqués sur l'exploitation, les frais de production se décomposent alors en frais d'acquisition pour la mise à disposition des matières nécessaires, ainsi qu'en frais de main d'oeuvre pour le traitement ou la préparation. De façon générale, les frais d'application des produits sont à calculer à partir d'une quote-part de frais de main d'oeuvre. Si l'application nécessite l'emploi de matériels techniques (machines et appareils) et/ou de matières d'appoint (par ex. de l'eau), il convient d'en tenir compte dans le calcul des prix de revient.

5.2.3 Approches méthodiques des questions économiques

En ce qui concerne les questions économiques, on distingue de manière fondamentale deux niveaux: le niveau économie d'entreprise et le niveau économique global (économie nationale). En fonction des données disponibles et de leur exploitabilité, l'évaluation économique globale peut être effectuée sur la base d'une analyse coûts-avantages, au moyen de la méthode UNIDO (UNIDO 1972), ou de la méthode LITTLE-MIRRLEES (LITTLE et MIRRLEES 1974), ou encore à partir de l'analyse coûts-effectivité (se référer à ce propos à RUTHENBERG 1979, p. 156 et suiv.; DOPPLER 1985, p. 348 et suiv.).

Pour ce qui est de l'évaluation individuelle, par exploitation, des questions économiques liées à la protection des stocks, il n'y a pas eu jusqu'à présent d'approche spécialement adaptée. Les approches méthodiques des aspects économiques de la protection des végétaux ne peuvent pas être appliqués sans réserves à la protection des stocks.

D'un point de vue tout à fait général, les approches méthodiques de la protection des stocks fournissent des instruments d'évaluation de l'efficacité des procédés de protection des stocks, l'analyse ayant ici pour objet d'étudier le rendement, les avantages et l'adéquation de ces procédés. Le choix de la méthode d'évaluation dépend en l'occurrence d'une part du point de vue adopté, et d'autre part des objectifs visés.

A partir des éléments fondamentaux exposés au chapitre précédent, nous allons déduire dans le chapitre qui suit un certain nombre d'approches méthodiques pour l'évaluation des procédés de protection des stocks. Si l'on part d'un mode d'analyse simple, on peut s'en tenir à des approches partielles, alors que si l'on intègre des structures complexes. il faudra avoir recours à une approche systématique. Les considérations qui vont suivre constituent des possibilités méthodologiques, qui demandent à être soumises à une analyse critique et à être approfondies dans le cadre des travaux de recherche futurs.

5.2.3.1 Approches partielles

Au niveau de l'exploitation individuelle, on distingue de manière fondamentale deux grands objectifs au plan économique. Si l'objectif primordial consiste dans la réduction des risques liés à l'approvisionnement, l'analyse économique se limitera à déterminer le procédé de protection des stocks le plus avantageux du point de vue des coûts. Il s'agit ici d'un problème de minimisation des coûts, dans lequel les coûts spécifiques liés au procédé considéré peuvent être qualifiés Ha coûts financiers tandis que les pertes évaluées en argent représentent des coûts calculés. En ce qui concerne les coûts financiers, il s'agit de types de coûts recouvrant des dépenses, alors que les coûts calculés ne reposent pas sur des dépenses (cf. à ce propos HLBS1986, numéro 14, p. 45). Si le stockage a pour but l'amélioration des revenus en liquide, l'analyse économique s'augmente d'un second aspect, celui de la maximisation des bénéfices, c'est-à-dire la résorption d'une rente de stockage maximale. Les deux situations décrites comportent des éléments d'incertitude et de risques.

Pour reprendre la thèse de NORTON (1976), nous dirons que l'évaluation économique des procédés de protection des stocks appelle les questions suivantes:

Cette structuration donne naissance à un complexe de décisions à plusieurs niveaux, lequel comporte les problèmes partiels suivants:

Comparaison des différences entre les procédés

Cette méthode consiste à additionner les coûts spécifiques liés à un procédé donné (coûts financiers) et les pertes évaluées en argent (coûts calculés), telles qu'elles résultent du procédé employé. Le procédé le plus rentable est celui qui implique le coût global (somme des coûts financiers et des coûts calculés) le moins élevé. Les avantages relatifs d'un procédé résultent de la différence entre le coût global d'un procédé de référence (qui peut être le procédé de protection des stocks pratiqué au cours de la période considérée) et le coût global d'un procédé alternatif (par ex. un nouveau procédé de protection des stocks, ou encore l'introduction d'une mesure de protection des stocks, tout en conservant le même procédé de stockage). Si la différence est positive, c'est le procédé alternatif qui est le plus rentable, si elle est au contraire négative, ce sera le procédé de référence. Si on a le choix entre plusieurs procédés alternatifs, le procédé optimal sera celui qui présente la différence positive la plus élevée.

Analyse coûts-efficacité

Lorsque l'on ne dispose d'aucune donnée de pertes en ce qui concerne les procédés de protection des stocks, on peut avoir recours à l'analyse coûts-efficacité comme base de décision. Cette méthode n'implique pas d'évaluation directe des pertes, mais informe uniquement sur les coûts (calculés) des procédés de protection des stocks. Au cas où le décideur désire par exemple connaître les frais de stockage, les coûts par q de céréales stockées seront alors pour lui l'élément essentiel. Le procédé qui entraîne les coûts les moins élevés par q de céréales stockées présente par rapport aux autres un avantage relatif. C'est au décideur qu'il appartient d'évaluer cet avantage.

Analyse marginale

Alors que dans les deux méthodes précédemment décrites, le décideur a la possibilité de choisir entre plusieurs procédés de protection des stocks, l'analyse marginale vise à établir l'intensité optimale spécifique d'un procédé déterminé. On postule ici la rentabilité de la mesure de protection des stocks considérée, ainsi que la possibilité de la répéter durant une même période de stockage. L'analyse marginale repose sur le principe de la valeur marginale, dans lequel l'intensité de la mesure de protection des stocks, exprimée en nombre de mesures, doit être sélectionnée de telle manière que la prestation marginale obtenue par la dernière augmentation d'intensité ( = mesure supplémentaire) soit supérieure aux frais marginaux. Pour ce qui est du stockage chez les petits cultivateurs, l'usage des produits de protection des stocks est limité au seul moment de l'emmagasinage. La question qui se pose ici n'est pas de savoir quelle est l'intensité d'application optimale, mais bien plutôt s'il est opportun ou non d'utiliser des produits de protection des stocks. Dans le cadre du stockage à grande échelle, on effectue en général au cours d'une même période de stockage plusieurs applications (fumigations). L'analyse marginale trouve ici un champ d'applications approprié.

Concept des seuils de lutte

L'objectif du concept des seuils de lutte réside dans l'adaptation de l'intensité des mesures de lutte 3 l'importance d'une infestation donnée, avec les dégâts qui l'accompagnent. Cette opération implique que l'on détermine le seuil économique de nuisibilité, et cela sur la base du rapport infestation-pertes. KRANZ et HAU (1981, p. 668) définissent le seuil de lutte comme étant le stade d'infestation qui, considérant l'évolution probable de l'infestation, mène selon toute vraisemblance, après un temps d'incubation moyen, au seuil économique de nuisibilité. Il s'agit en l'occurrence de calculer la valeur marginale d'infestation pour laquelle le profit attendu d'une mesure de lutte correspond, au moment de sa mise en oeuvre, aux frais engagés. Si certaines recherches dans le domaine de la protection des stocks font état du rapport dommages-pertes (PANTENIUS 1987, BOXALL et GILETT 1982, ROWLEY 1984, ADAMS et HARMANN 1987), on ne connaît pas à ce jour d'exemples d'évaluation de pertes sur la base du rapport infestation-pertes. L'auteur estime toutefois qu'il conviendrait de soumettre ce concept à une analyse plus précise en ce qui concerne le stockage à grande échelle.

Approches comportant des facteurs d'incertitude

Les décisions à prendre dans le secteur de la protection des stocks sont l'exemple type de décisions comportant un certain nombre de facteurs d'incertitude. Un cultivateur qui veut mettre en oeuvre une mesure de protection des stocks se voit confronté à deux facteurs d'incertitude, dont il lui appartient d'évaluer l'importance. L'un de ces facteurs a trait au volume des pertes en cas de non-traitement, l'autre la question de l'efficacité de la lutte. Si le cultivateur choisit par exemple le mauvais produit, ou s'il se trompe dans la concentration, les chances de réussite technique de la mesure de lutte seront limitées au domaine des probabilités. Au moment de la prise de décision, lorsqu'il s'agit de savoir si l'on doit ou non appliquer une mesure de protection des stocks, il y a donc incertitude quant à l'importance des pertes en cas de non-traitement, à l'apparition ou non de ces pertes, et enfin au niveau du succès de la lutte.

5.2.3.2 Approches systématiques

Au contraire du mode d'examen causal-analytique, le concept analytique systématique se caractérise par un mode d'examen holiste (global), l'intégration de processus dynamiques et l'interdisciplinarité. Les approches systématiques ont pour but l'examen du complexe de rapports multifactoriel d'objectifs à structure en général polyvalente, et cela en fonction des divers échelons du système (national, régional, échelon du village, micro-échelon, échelon partiel, échelon de détail). Au micro-échelon, l'analyse se concentre essentiellement sur l'attitude de la famille en matière de décisions. Cette attitude est influencée par les besoins, objectifs et problèmes que connaît la famille. Exploitation et ménage sont en l'occurrence les domaines dans lesquels et avec lesquels on s'efforce d'atteindre les objectifs fixés. Ce domaine, que l'on peut qualifier de niveau d'action, est caractérisé par des facteurs d'influence internes et externes, en même temps qu'il est soumis à une évolution dynamique du fait d'interactions mouvantes. DOPPLER (1991, p. 15) définit ce complexe global "famille/ exploitation/ménage" comme un système d'exploitation.

Les exploitations familiales présentent dans la plupart des cas une structure d'objectifs très complexe, s'étendant sur plusieurs niveaux. Les contenus d'objectifs comportent en général des éléments visant à maximiser le profit et à minimiser les risques. La maximisation du profit n'englobe pas seulement une plus grande satisfaction des besoins élémentaires (alimentation, habitat, habillement, santé, instruction, etc.), une amélioration des revenus, de la subsistance et des liquidités, mais également la satisfaction de besoins socioculturels, de même que l'accroissement de la fortune personnelle et l'élargissement de l'influence et de la sphère personnelle de pouvoir. La minimisation des risques, quant à elle, vise à la réduction des risques attachés à la production, aux investissements, aux marchés, à l'approvisionnement, en même temps qu'au renforcement de la position des intéressés vis-à-vis des propriétaires terriens et des bailleurs de fonds.

Les procédés de protection des stocks constituent un exemple type de lien intégral au sein du système exploitation/ménage/famille. Les pertes survenant en cours de stockage, tout comme la réduction de ces pertes et les ressources en capital et en main d'oeuvre mobilisées à cet effet exercent une influence sur les revenus familiaux, la liquidité et les excédents de trésorerie. Les procédés de protection des stocks ont en outre une influence directe sur les conditions de nutrition et d'approvisionnement des familles. A travers les conditions sociologiques globales, les normes culturelles et éthiques, les procédés de protection des stocks sont insérés sur le plan socioculturel dans l'environnement social et économique.

A la base de toute modification des procédés de protection des stocks, il peut y avoir aussi bien un désir de maximisation du profit qu'un désir de minimiser les risques. Porter un jugement pondéré sur ces motivations et en évaluer du point de vue socio-économique les répercussions sur le système exploitation/ménage/famille implique que l'on intègre simultanément à l'analyse différents modes d'observation d'ordre technique, économique et sociologique.


Table des matières - Précédente - Suivante