4.7.4 Régulation du climat de l'entrepôt
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Pour que le tubercule puisse également conserver sa viabilité au cours du stockage et demeure ainsi capable de se reproduire, il est nécessaire de maintenir certaines fonctions métaboliques. L'intensité de la respiration, comme celle d'ailleurs de la transpiration, est en partie fonction du "stade de conservation" momentané du tubercule (cf. sections 3.5.2 et 3.5.3). Le climat de l'entrepôt, c'est-à-dire la température et l'hygrométrie, exerce également une certaine influence sur ces processus. Ces deux déterminants du comportement au stockage ne sont pas des grandeurs fixes. On peut au contraire les manipuler en prenant certaines mesures.
4.7.4.1 Régulation de la température de conservation
De manière générale, on peut dire que les basses températures permettent de prolonger la durée de conservation. A basse température, on constate en effet une diminution de la respiration en même temps qu'un ralentissement de la germination (DEMEAUX et VIVIER, 1984).
Il existe pour de nombreux fruits tropicaux une température dite critique. En deçà de cette température, il se produit une altération tissulaire irréversible aboutissant à une pourriture rapide du fruit. La température critique, laquelle engendre cette altération tissulaire irréversible parfois désignée dans la littérature spécialisée sous le terme de "chilling injury", se situe en général chez les fruits tropicaux nettement au-dessus du point de congélation. En fonction des espèces, elle se situe chez l'igname entre 13 et 15° C (COURSEY, 1982). Pour d'autres auteurs, la zone de température critique se situe entre 10 et 12° C (DEMEAUX et VIVIER, 1984).
On peut donc en conclure que les possibilités de diminuer la température pour améliorer l'aptitude au stockage de l'igname sont très limitées et que cette température ne devrait pas descendre en-dessous de 15° C. Vu les conditions climatiques régnant dans les régions tropicales, il est pratiquement impossible de maintenir même une telle température sans devoir recourir à une source d'énergie extérieure. En raison des frais qu'elle implique, l'utilisation d'énergie extérieure, qui implique en même temps la construction de structures de stockage fermées et isolées, n'offre aucune solution pour améliorer les conditions de conservation des ignames à l'échelon des petits producteurs.
Tout abaissement, même minime, de la température, est susceptible de prolonger la durée de conservation des ignames. C'est la raison pour laquelle toutes les possibilités existantes à cet égard, et réalisables en même temps du point de vue économique, doivent être exploitées. Nous pensons ici avant tout à des modifications architecturales limitées des structures de stockage traditionnelles, qui permettraient d'utiliser les variations naturelles de température entre le jour et la nuit. La plantation d'arbres dispensateurs d'ombre, de même que l'exploitation des courants d'air, pourraient amener un net abaissement des températures de conservation, ce qui contribuerait à améliorer le climat dans les entrepôts.
4.7.4.2 Régulation de l'hygrométrie
Il se produit entre les fruits stockés et l'environnement un échange de vapeur d'eau. Cet échange a pour but de parvenir à un équilibre entre la teneur en eau des fruits et celle de leur environnement. Les fruits secs, comme les céréales, ont plutôt tendance à absorber l'humidité contenue dans l'air environnant. A l'inverse, les fruits comme l'igname, qui sont emmagasinés avec un taux d'humidité élevé, tendent à dégager de l'humidité dans l'atmosphère.
Les pertes d'humidité des tubercules d'igname stockés constituent un phénomène indésirable dans la mesure où elles s'accompagnent de pertes économiques (réduction de poids et flétrissement des tubercules) sans pour autant améliorer la qualité du stockage. L'hygrométrie de l'entrepôt doit donc être réglée de manière à réduire au maximum les échanges de vapeur d'eau. Pour une température de 26 à 28° C, que l'on peut considérer comme typique dans les pays d'Afrique occidentale, une humidité relative de 70 à 80 % amène pratiquement à un état d'équilibre dans lequel les échanges d'air entre le tubercule et son environnement demeurent minimes.
Dans les conditions de stockage définies ci-dessus, le tubercule conserve ses caractéristiques qualitatives, telles que la couleur, l'odeur, le goût et la composition chimique. Dès l'instant où l'humidité relative est supérieure, il y a risque de condensation de la vapeur d'eau, ce qui favorise la formation de moisissures sur les tubercules.
S'agissant du contrôle des conditions hygrométriques, les mesures à envisager devront être pour les groupes cibles paysans à la fois finançables et compréhensibles du point de vue technique. Priorité doit être accordée à des modifications architecturales simples, visant à favoriser les échanges d'air et à évacuer ainsi l'humidité superflue hors de l'entrepôt. Le choix d'un site offrant un bon échange d'air peut encore renforcer l'efficacité de ces modifications architecturales.
4.7.4.3 Amélioration de la ventilation
L'atmosphère contient normalement 78 % d'azote, 21 % d'oxygène, 0,03 % de gaz carbonique, de même qu'un pourcentage variable de vapeur d'eau.
Pour pouvoir maintenir ses fonctions métaboliques vitales, le tubercule a besoin d'être alimenté en oxygène atmosphérique. Dans le même temps, il va dégager de la vapeur d'eau et du gaz carbonique. Lorsque la composition atmosphérique de l'entrepôt diffère de celle de l'atmosphère normale, cela peut avoir des incidences négatives sur la marchandise stockée.
Si l'humidité atmosphérique est trop élevée, il peut y avoir condensation dès que la température baisse, ce qui favorise l'apparition de pourritures. Une concentration d'oxygène très faible empêche la respiration et s'accompagne d'une fermentation indésirable des tubercules stockés Une concentration trop forte de gaz carbonique et d'éthylène est également néfaste à l'igname stockée. De même, les concentrations élevées de gaz carbonique provoquent la destruction des agglomérations cellulaires des tubercules. L'éthylène est une hormone de croissance qui favorise le développement du germe (BAUTISTA, 1990).
Les raisons que nous venons d'énoncer montrent à l'évidence que les modifications de la composition atmosphérique de l'entrepôt constituent des phénomènes indésirables dans la mesure où elles peuvent avoir des effets négatifs sur le stockage. Si l'on veut éviter une modification accidentelle de l'atmosphère, il faut que l'entrepôt soit suffisamment aéré. La ventilation n'a pas seulement pour but de faciliter les échanges gazeux entre l'entrepôt et l'environnement, mais influe également sur la température à l'intérieur de l'entrepôt.
Le réglage de la ventilation est un travail délicat, et il peut facilement arriver que la ventilation ait des répercussions négatives sur la production. Si l'on aère par exemple durant la journée par des températures trop élevées, il peut se produire un réchauffement indésirable de la marchandise stockée. Lorsque l'hygrométrie est très basse, une ventilation inadéquate favorise le dessèchement des tubercules stockes. Il est par conséquent préférable, dans la mesure du possible, d'aérer l'entrepôt la nuit, du fait que les températures sont alors plus basses et l'hygrométrie en général plus élevée (SADIK, 1987).
A l'instar des autres mesures d'amélioration proposées, les améliorations à apporter à la ventilation devront être également aussi simples à comprendre que possible et ne pas occasionner de frais supplémentaires. Pour ce qui est de la construction d'entrepôts nouveaux, il faudra choisir des sites offrant une bonne ventilation naturelle du fait des courants d'air. Les tubercules doivent être par ailleurs disposés de manière à ne pas gêner l'aération. De ce point de vue, le stockage en tas volumineux et en silos-meules dans le sol n'offre pas une ventilation suffisante.
4.7.4.4 Maintien de l'entrepôt à l'ombre
L'exposition directe de la marchandise au soleil fait monter la température à l'intérieur de l'entrepôt et favorise par là même le développement des germes, ce qui explique que l'entrepôt doit toujours bénéficier d'une ombre suffisante.
Pour obtenir suffisamment d'ombre, on peut avoir recours à des modifications de construction, en dotant en particulier les structures de stockage d'un toit. Pour des raisons de coût, mais également du fait de l'excellente protection qu'ils offrent contre la chaleur, on utilisera pour construire ces toits les matériaux végétaux disponibles sur place. Un toit ne retient pas seulement les rayonnements solaires, mais protège également la marchandise stockée contre les averses qui favorisent la formation de pourritures.
Outre la construction de toits, il faudrait encore exploiter les sources d'ombre naturelles, comme les arbres à feuilles persistantes. Il faut également veiller à ce que la mise en place de toits et l'exploitation des sources d'ombre naturelles n'entravent pas l'aération dans l'entrepôt.
4.7.5 Lutte contre les pourritures
Comme nous l'avons vu plus haut, champignons pathogènes et bactéries sont les principaux responsables de la pourriture. Ils ne peuvent toutefois traverser la peau du tubercule qu'à la faveur de parties endommagées par suite de blessures et de plaies, ou encore au niveau des trous de forage pratiqués par les nématodes.
L'une des principales mesures préventives à appliquer consiste par conséquent à minimiser les risques de blessure du tubercule pendant la récolte, le transport et la mise en stocks, en les manipulant avec précaution. Les tubercules présentant déjà des symptômes de pourriture au moment de l'emmagasinage doivent être utilisés à d'autres fins.
Il existe des méthodes de cicatrisation permettant de Iimiter les risques de pourriture (cf. section 4.7.2). Les blessures se referment de telle sorte que les saprogènes ne peuvent plus s'introduire dans le tubercule. Outre la cicatrisation, il y a également possibilité de traiter les lésions avec des moyens traditionnels comme la cendre et la chaux pulvérisée (ONWUEME, 1978).
Etant donné que les tubercules peuvent se contaminer réciproquement, il faut contrôler l'entrepôt régulièrement afin d'en retirer en temps utile les tubercules infestés.
Autre mesure permettant de lutter contre les pourritures: le traitement des tubercules aux fongicides. Les seuls résultats satisfaisants obtenus jusqu'à présent l'ont été avec le thiabendazole et le bénomyl (DEMEAUX et VIVIER, 1984). Ces produits, qui ne présentent qu'une faible toxicité, restent localisés dans la peau du tubercule, autrement dit ils ne passent pas dans la chair (DEMEAUX et VIVIER, 1984).
Il est recommande d'effectuer le traitement aux fongicides sous forme de trempage. La concentration de produit indiquée est de 250 à 2500 ppm pour un temps de traitement variant entre 2 et 30 minutes (ibid.). Vu l'importance des écarts de concentration et de durée de traitement proposés, il semble qu'il soit nécessaire d'effectuer d'autres essais pour arriver ici à une détermination plus précise des traitements fongicides.
Les traitement aux fongicides requièrent une manipulation extrêmement précise si l'on veut obtenir l'effet recherché tout en excluant d'éventuelles séquelles. Ceci explique que l'utilisation des fongicides par les petits exploitants africains suppose un travail d'assistance-conseil intensif.
4.7.6 Lutte contre les nématodes
La lutte contre les nématodes constitue en même temps une mesure préventive contre les saprogénes. En tant que ravageurs secondaires, ceux-ci causent en effet la plupart du temps des dommages plus graves que les nématodes eux-mêmes.
Les nématodes, qui parasitent racines et tubercules, se propagent souvent par l'intermédiaire de plants infestés. Il faut donc veiller à utiliser pour la multiplication végétative uniquement des plants ne contenant pas de nématodes.
Du fait que les nématodes vivent également dans le sol, on a la possibilité de réduire la pression exercée par le parasite en adoptant un schéma d'assolement adéquat (plantations d'igname très espacées dans le temps). Notons cependant à titre restrictif que la plupart des nématodes parasites de l'igname ont encore d'autres plantes-hôtes, ce qui les rend plus difficiles à combattre par le biais d'un plan d'assolement élaboré dans ce but.
Les mesures de lutte chimique, tout comme le traitement des tubercules à l'eau chaude (CENTRE FOR OVERSEAS PEST RESEARCH, 1978), paraissent peu appropriées à l'usage par les petits paysans. Non seulement ces méthodes ne sont pas encore au point, mais il semble en outre que les moyens financiers et la main d'oeuvre nécessités soient trop importants pour susciter chez les petits exploitants une adhésion suffisante.
4.7.7 Lutte contre les insectes ravageurs de' stocks
Les mesures de lutte contre les insectes responsables de dommages sur les ignames stockées visent deux objectifs fondamentaux: il s'agit d'une part de prévenir, ou tout au moins de réduire, les dégâts causés par les insectes (pertes alimentaires, pertes qualitatives), et d'autre part d'éviter par des mesures de lutte adéquates l'apparition de dommages secondaires, qui sont dus à des saprogènes susceptibles de s'introduire dans le tubercule à travers les blessures de l'épiderme infligées auparavant par les insectes.
A titre de mesure préventive, on peut envisager d'isoler les tubercules infestés des tubercules sains. Cette opération est cependant rendue difficile dans certains cas, par exemple dans celui de la teigne de l'igname, du fait que l'infestation est rarement décelable extérieurement. Pour des raisons d'hygiène, il importe de brûler toutes les parties de tubercules infestées par les insectes et de ne pas conserver les tubercules atteints à proximité de l'entrepôt (WILSON, année inconnue).
Le type de stockage est également un élément déterminant pour l'infestation par les insectes des marchandises stockées. SAUPHANOR et RATHNADASS (1985) rapportent que les tubercules stockés en silos-fosses ne sont pas attaqués par les pyrales et les teignes, alors que celles-ci peuvent infliger d'importants dégâts aux structures de stockage de surface. Dans la mesure où le choix de structures de stockage repose également sur un certain nombre d'autres critères, nous ne pouvons émettre ici de recommandation particulière quant à un type de stockage précis qui permettrait de réduire les pertes causées par les insectes.
Pour la lutte contre les cochenilles, on peut utiliser du pyrimphos-méthyl à une concentration de 25 grammes pour 100 litres d'eau. Les tubercules doivent tremper pendant 10 minutes dans la solution, avant d'être séchés (SAUPHANOR et RATHNADASS, 1985).
S'agissant de la lutte contre les pyrales et les teignes, on recommande l'emploi de la deltaméthrine. La solution est à appliquer sous forme de trempage, à une concentration de 2,5 grammes pour 100 litres d'eau, le produit agissant là encore au bout de 10 minutes. Le traitement devra éventuellement être répété en cas d'infestation. Afin de réduire les temps de travail nécessaires, on peut également appliquer les produits indiqués à l'aide d'un pulvérisateur (ibid.).
Les ouvrages spécialisés ne contiennent que des indications très limitées en ce qui concerne la lutte chimique contre l'entomofaune des ignames. D'autres recherches seront nécessaires afin de déterminer les produits, concentrations, méthodes et périodes d'application, ainsi que la répétition éventuelle de ces applications.
Les paysans emploient fréquemment des produits chimiques inappropriés, parfois susceptibles de provoquer des intoxications alimentaires à la suite de la consommation de tubercules d'igname traités de cette manière. Les produits sont souvent dosés et appliqués de manière totalement inadéquate. Eu égard aux erreurs d'application possibles mais également en raison des dommages économiques que les insectes sont susceptibles de causer aux stocks d'igname, il conviendra d'élaborer ici des directives claires pour la lutte chimique.
Les questions relatives à la lutte biologique contre les ravageurs ont été jusqu'à présent à peine abordées. Selon les indications de SAUPHANOR et RATHNADASS (1985), Phanerotoma leucobasis Kriech est un antagoniste naturel de E. vapidella, dont il mange les oeufs. C'est aux recherches ultérieures qu'il appartiendra d'établir si l'on peut déterminer à partir de là des approches de mesures de lutte biologique.
4.7.8 Mesures de protection contre les mammifères
Pour protéger la marchandise stockée contre les mammifères, il faut prendre des mesures qui soient à la fois spécifiques aux espèces considérées et adaptées au type de stockage.
La présence de clôtures suffit en général à maintenir les animaux domestiques à l'écart de l'entrepôt. Les greniers érigés sur des pilotis, comme les greniers sur plateforme, offrent déjà par leur type de construction une bonne protection contre les animaux domestiques susceptibles de provoquer des dégâts sur les stocks. Ces greniers sont en outre très faciles à protéger contre les rats. On entoure en l'occurrence les pilotis de rubans de tôle en forme d'entonnoir que l'on place, avec la partie évasée vers le bas, à une hauteur de 100 cm. Ces entonnoirs constituent pour les rats et autres rongeurs un obstacle infranchissable.
Les structures ouvertes, comme par exemple le stockage en tas sous des arbres à feuilles persistantes, sont plus difficiles à préserver des rats et autres mammifères nuisibles. On peut envisager de construire ici des clôtures de protection faites de futs d'huile sectionnés, que les rongeurs sont incapables de franchir. Les fûts d'huile sont néanmoins relativement onéreux et ne sont pas disponibles partout. Il est par conséquent douteux que les paysans se conforment à une telle recommandation, d'autant plus que le temps de stockage est en général assez bref.
Figure 10: Mise en
place d'un dispositif anti-rongeurs et matériel nécessaire
(Source:
PROJET BENINO-ALLEMAFID, année inconnue)
4.7.9 Stockage amélioré sur tresse verticale traditionnelle ("Yam-Barn")
Dans l'optique d'un stockage à long terme sans pertes notables, c'est la tresse verticale qui, comparée aux autres systèmes de stockage répandus en Afrique occidentale, donne les meilleurs résultats. C'est ce qui explique en partie que les spécialistes prennent souvent la tresse verticale pour point de départ lorsqu'il s'agit d'élaborer des mesures d'amélioration des systèmes de stockage traditionnels, une approche à laquelle la présente publication adhère de manière fondamentale. Sans changer fondamentalement le type de stockage, on peut ici matérialiser un certain nombre de modifications architecturales et autres mesures contribuant à améliorer sensiblement le stockage.
Les améliorations à apporter au stockage des tubercules d'igname frais doivent commencer dés la récolte. Il faut éviter autant que possible de blesser les tubercules, car les blessures constituent des voies de pénétration pour les saprogénes. Récolte, transport et emmagasinage requièrent par conséquent un maximum de précautions (NWANKlTI et al., 1989). En cas de transport sur de longues distances, les tubercules ne doivent pas être empilés trop haut du fait que cela peut provoquer des blessures de l'épiderme et des blessures par compression.
Les tubercules doivent être soumis aussitôt après la récolte à un traitement de cicatrisation (cf section 4.7.2). Dans la mesure où les parties lisses guérissent plus facilement, les parties de tubercules enfoncées ou blessées devront être excisées. Pour des raisons d'hygiène, il faut également enlever la terre collée aux tubercules. Il faudra par ailleurs poursuivre les essais afin de déterminer dans quelle mesure les traitements des lésions à la cendre ou à d'autres moyens traditionnels permettent d'augmenter l'aptitude au stockage des tubercules. Tous les résidus de stockage de l'année précédente doivent être enlevés ou brûlés avant la mise en stocks du fait qu'ils représentent une importante source d'infection.
Les tresses verticales traditionnelles présentent certains inconvénients, c'est pourquoi nous recommandons d'y apporter les améliorations suivantes:
- Le grenier devrait être recouvert d'une toiture en forme de cabane, fabriquée au moyen de matériaux locaux, comme la paille, les feuilles de palmier, etc. Non seulement un toit en matériaux végétaux protège des rayons solaires et de la pluie, mais il corrige en outre les variations de température grâce à ses propriétés isolantes. Le toit devra avoir au moins 2,50 m de haut pour ne pas gêner l'aération (FAO, 1990).
- Le grenier doit être rendu inaccessible aux rongeurs et aux animaux domestiques. Il existe ici plusieurs possibilités. On peut par exemple l'entourer d'une clôture faite de fûts d'huile sectionnés. On peut également envisager la construction d'un mur, qui doit toutefois avoir au minimum un mètre de haut. Vu que les rongeurs peuvent facilement franchir un mur (au contraire d'une barrière de fûts d'huile en tôle), l'espace entre le faîte du mur et le toit doit être protégé par un treillis métallique à mailles fines. Il est important que le grenier soit muni d'une porte fermant hermétiquement et qui le protège également contre le vol.
- Sur la tresse verticale modifiée, les tubercules sont stockés sur des rayonnages à plusieurs niveaux Pour construire ces étagères, on peut utiliser divers matériaux disponibles sur place, à condition qu'ils soient suffisamment résistants pour supporter la charge. Pour éviter que l'humidité n'atteigne la marchandise, le rayon inférieur doit être fixé à environ 50 cm au-dessus du sol.. Les rayonnages doivent être disposés de manière à permettre à tout instant un contrôle visuel rapide des tubercules. Pour y parvenir plus facilement, les tubercules seront stockés sur deux ou trois couches seulement par rayons. Ceci permet en outre d'éviter les pressions trop importantes sur chaque tubercule et de réduire ainsi le risque de blessures par compression.
- Le choix du site approprié est un facteur essentiel pour l'exploitation des avantages inhérents au système. On choisira donc un emplacement permettant d'exploiter les courants d'air naturels pour l'aération du grenier Celui-ci est à orienter si possible de biais par rapport à la direction principale des vents, de manière à ce que l'on puisse ainsi exploiter au maximum la circulation d'air naturelle. Pour le choix du site, on tiendra également compte des sources d'ombrage naturelles, comme les arbres à feuilles persistantes, lesquels permettent de réduire sensiblement la température à l'intérieur du grenier.
La taille du grenier peut être adaptée aux besoins individuels. On ne dispose pas d'informations écrites concernant la construction et l'entretien du système de tresse verticale amélioré. Dans la mesure où l'on utilise en majorité des matériaux locaux, il est toutefois probable que le supplément de coût nécessité par rapport au système de tresse verticale traditionnel demeure limité.
A titre de mesure complémentaire, on peut envisager l'emploi d'inhibiteurs de germination, comme l'acide gibberellique, ainsi que le traitement des tubercules aux fongicides et aux insecticides. L'absence d'expérience pratique au niveau de l'application ne nous permet pas de formuler ici de recommandations concrètes pour l'emploi de ces produits.
Pour un stockage fiable, il est important d'inspecter la marchandise régulièrement. Il faut en l'occurrence séparer les tubercules en voie de pourriture des autres. Les tubercules doivent également être dégermés régulièrement. L'INPT (1988) recommande d'ôter les germes lorsqu'ils atteignent 50 cm de hauteur. Un dégermage trop fréquent stimule la germination des tubercules.
Selon les enquêtes menées par NWANKITI et al. (1988), le système des tresses verticales améliorées peut contribuer à réduire considérablement les pertes de stockage. C'est ainsi que les pertes enregistrées au bout de six mois de stockage s'établissaient pour les tresses verticales traditionnelles à 41,7 %, à 13,3 % pour les tresses verticales améliorées et à 10,8% seulement pour les tresses verticales améliorées avec protection contre les rongeurs.
Considérant les résultats des enquêtes de NWANKITI et al. (1988), il semble que même les améliorations les plus simples apportées au système traditionnel de tresses verticales permettent de réduire sensiblement les pertes, sans qu'il faille appliquer pour cela la totalité des mesures mentionnées plus haut. Même des améliorations partielles sont elles aussi susceptibles de réduire nettement les pertes. En d'autres termes, ce sont les conditions locales et les besoins des paysans qui peuvent servir de critères pour le choix des mesures visant à l'amélioration des systèmes dont nous parlons.
Du point de vue macro-économique, l'amélioration de la tresse verticale se traduit par une augmentation de l'offre en produits alimentaires fabriqués sur le marché intérieur. La substitution d'une offre en denrées alimentaires de production locale aux denrées importées contribue à l'équilibre de la balance commerciale.
Pour le paysan, le stockage amélioré signifie une plus haute sécurité au niveau de la subsistance. Cela lui conféré en même temps une plus grande liberté de décision pour ce qui est de la commercialisation et, partant, lui permet d'améliorer ses revenus en exploitant davantage les fluctuations de prix.