5.3.2 Base de données et déduction des hypothèses de modèles

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La base de données est le résultat des mesures et interviews effectuées dans le cadre des essais, collectes sur l'exploitation et collectes complémentaires. Certaines de ces données ont été recueillies à différents niveaux (essais, interviews) et font référence à différentes périodes de stockage. En ce qui concerne l'affectation à la source correspondante des diverses données, nous avons adopté les désignations suivantes:

5.3.2.1 Distribution des procédés de protection des stocks

Un procédé de protection des stocks est le produit de la connexité logique entre la forme de stockage du maïs la méthode de stockage et les mesures de protection appliquées. On rencontre dans la Région Maritime huit procédés différents de protection des stocks (tableau 5.8). Les deux procédés les plus répandus consistent d'une part dans le stockage en épis et en vrac dans l'habitation, sans traitement (41 %), et du stockage en épis dans des greniers, là encore sans traitement (31 %).

Tabl. 5.8: Distribution des procédés de protection des stocks de maïs chez les petits exploitants de la Région Maritime (résultats d'interviews répartis en fonction des différents groupes de personnes; réponses en %)

En ce qui concerne les procédés avec traitement, on trouve principalement le stockage des épis en grenier avec traitement aux produits chimiques (13 %) et le stockage des épis en grenier avec traitement par les moyens traditionnels (7 %), qui devancent le stockage en vrac des épis dans l'habitation avec traitement par les moyens traditionnels (4 %), et le stockage en vrac des épis dans l'habitation avec traitement aux produits chimiques (3 %). Le stockage en grains dans l'habitation avec traitement aux produits chimiques (1 %), et le stockage en grains dans l'habitation sans traitement (< 1 %) n'ont qu'une signification très restreinte. Aucun des cultivateurs interrogés n'a déclaré stocker son maïs en grains dans l'habitation avec traitement par les moyens traditionnels, ni dans un magsin fumigable, que ce soit avec ou sans traitement.

Hypothèses modèles

Le calcul des modèles tient compte aussi bien des procédés couramment utilisés dans la pratique (cf. tableau 5.8) que de certains procédés nouveaux encore au stade de l'expérimentation (cf. tableau 5.9). Pour ce qui est des procédés nouveaux, il s'agit du stockage en "cribs" (procédés n° 7 et n° 8), ainsi que du stockage dans de petits entrepôts (procédés n° 11 et n° 12). pour des raisons de simplification, on a renoncé ici à une distinction précise entre les produits traditionnels et les produits chimiques. On postule que les moyens mis en oeuvre sont ceux qui possèdent la meilleure efficacité. Les produits chimiques de protection des stocks mentionnés en l'occurrence sont les insecticides binaires (cf. chapitre 4).

Tabl. 5.9: Délimitation des procédés de protection des stocks pour les calculs modèles

(*) Un "Crib" est un échafaudage de bois, reposant sur des pieux également en bois, et dont les parois sont tapissées de nattes en raphia. Les épis de maïs (6 q env.) sont déversés en vrac sur la plate-forme rectangulaire et recouverts d'un toit de paille.
(**) Lorsqu'on ne dispose d'aucun local pour le stockage en sacs, on est obligé d'en construire un. On a conçu à cet effet un certain nombre de petits entrepôts, dont la capacité est de 30 q.

5.3.2.2 Structure des coûts des procédés de stockage

a) Coûts des méthodes de stockage

Les opérations ont été effectuées en fonction des critères de calcul des coûts moyens des facteurs de production durables, exposés au chapitre 5.2.2.1. L'ensemble des calculs repose sur la méthode des annuités approximatives. Cette méthode de calcul tient compte au départ du taux d'intérêt. On trouvera au tableau 5.10 une vue synoptique des coûts entraînés par les différentes méthodes de stockage.

Pour toutes les méthodes de stockage, les frais de production se décomposent en frais de matériel, de transport et de main d'oeuvre. Le facteur coûts de réparations a été traité en tant que paramètre dépendant des frais de production.

Etant donné que le stockage traditionnel n'entraîne que des frais de démolition marginaux, et que l'on peut postuler que les entrepôts sont des installations permanentes, on a attribué aux frais de démolition la valeur zéro dans tous les calculs.

En ce qui concerne le temps de travail fourni par les agriculteurs en corrélation avec les procédés de stockage, on peut partir de frais d'exploitation variables. Lorsque la main d'oeuvre est fournie gratuitement par des membres de la famille, il n'y a pas de frais d'exploitation de main d'oeuvre. On ne peut toutefois pas partir du principe que la main d'oeuvre est disponible gratuitement (cf. chapitre 5.2.2.1). Au moment de l'emmagasinage, il y a une période de pointe au niveau de la main d'oeuvre du fait des travaux de préparation des champs pour la période de culture suivante. Lorsque les travaux sont effectués avec l'aide d'amis, de parents ou de voisins, les personnes qui y prennent part sont rémunérées en nature (mais) et nourries. Cette forme d'exécution des travaux entraîne des frais d'env. 250 FCFA/JT (journée de travail). Si les travaux sont effectués par une main d'oeuvre étrangère à l'exploitation, on prendra pour base le salaire minimum de 500 FCFA/JT fixé par l'Etat. C'est ce dernier salaire que l'on a pris en compte pour les calculs suivants.

Le taux d'intérêt est fonction du taux de calcul pris pour base. Le taux d'intérêt du crédit pratiqué par la CNCA est de 8 %, celui des banques de 12 %. Le taux d'intérêt exigé en dehors du secteur des établissements de crédit (crédits accordés par des particuliers) dépend dans une large mesure des relations existant entre le bailleur de fonds et l'emprunteur. Ce taux varie entre 0 et 300 %. On est parti dans les calculs suivants d'un taux de 8 %.

Près de 90 % des agriculteurs cultivent le maïs également au cours de la petite période de culture. Lorsque la récolte de la période précédente est peu abondante, les installations de stockage peuvent être utilisées deux fois par an. Dans les calculs qui vont suivre, on est parti d'une seule utilisation annuelle de l'entrepôt.

Tabl. 5.10: Structure des coûts de diverses méthodes de stockage

Grenier traditionnel

Les frais de production d'un grenier sont très variables. Ils dépendent des dimensions du grenier et de la question de savoir si les matériaux sont achetés ou fabriqués soi-même. La taille du grenier est fonction du diamètre de l'échafaudage de bois et du nombre de couches d'épis que l'on y stocke. Le diamètre de l'échafaudage de bois est exprimé en "pieds", et le nombre de couches de maïs en 'rangées.. Il s'agit en l'occurrence de deux unités de mesures traditionnelles. Ces paramètres permettent d'évaluer la quantité de maïs qui se trouve dans un grenier.

Pour les calculs qui nous occupent, on a considéré 3 tailles de greniers différentes, d'une capacité moyenne de stockage de 2,5 q (< 5 "pieds"), 7,5 q (5 à 10 "pieds", et 15 q (> 10 "pieds", Autre critère de distinction: l'achat des matériaux (cas A), la fabrication des matériaux (cas B), et les résultats d'interviews (cas C). On est parti pour l'ensemble des greniers d'une durée d'exploitation de 3 ans et d'un facteur coûts de réparation de 20 % des frais de production.

Pour un grenier d'une capacité de stockage de 2,5 q. les frais de production s'échelonnent entre 3 100 FCFA (cas A) et 1 500 FCFA (cas B). Pour une capacité de stockage de 7,5 q. les frais de production se situent entre 7 175 FCFA (cas A) et 2 750 FCFA (cas B), et pour une capacité de stockage de 15 q entre 10 325 FCFA (cas A) et 4 000 FCFA (cas B).

Plus la taille du grenier augmente, plus les coûts moyens annuels par q de maïs stocké diminuent. En cas d'achat des matériaux, les frais oscillent entre 729 et 405 FCFA. Si les agriculteurs fournissent eux-mêmes les matériaux, les coûts sont respectivement ramenés à 353 et 157 FCFA. Les résultats d'interviews ont permis d'établir pour toutes les tailles de greniers des coûts intermédiaires entre le cas A et le cas B. Les coûts varient entre 371 et 215 FCFA par q/mais stocké, avec une moyenne de 281 FCFA.

Les "Cribs" (échafaudage de bois)

Les coûts de fabrication d'un "Crib" s'élèvent à 41 025 FCFA. Les deux tiers de cette somme sont nécessaires à l'achat du bois. Pour une durée d'utilisation de 8 années et un facteur coûts de réparations correspondant à 2 % des frais de production, on arrive à des frais moyens annuels de 1 990 FCFA/q de maïs stocké.

Petit entrepôt

Trois types de petits entrepôts ont été ici élaborés. Dans le type 1, les murs sont en parpaings maçonnés, dans le type 11 en briques crues. Les agriculteurs ne sont pas en mesure de fabriquer eux-mêmes les pierres, ni de construire et d'enduire les murs. Ces deux types d'entrepôts sont recouverts d'un toit de paille. Pour le type III, on utilise exclusivement des matériaux traditionnels, comme dans la construction des huttes d'habitation. Les murs sont composés d'un mélange d'argile et de paille, le toit est en paille. Seule la construction des murs nécessite l'intervention d'un maçon. Tous les autres travaux peuvent être exécutés par les agriculteurs eux-mêmes.

Les frais de production sont de 148 625 FCFA pour le type 1, de 115 845 FCFA pour le type Il, et de 54 825 FCFA pour le type III. On a pris pour base de calcul un facteur coûts de réparations de 2 % des frais de production pour les trois types d'entrepôts. Pour le type 1, on arrive à des frais de stockage annuels moyens de 678 FCFA/q de maïs stocké pour une durée d'utilisation de 15 ans. Si l'on fixe la durée d'utilisation du type 11 à 10 ans et celle du type III à 5 ans, on obtient des coûts respectifs de 653 et de 494 FCFA par q de maïs stocké.

Entrepôts adaptés à la fumigation (magasins fumigables)

Les frais de production d'un entrepôt adapté à la fumigation dépendent dans une très large mesure des frais de transport. Si les matériaux de construction doivent par exemple être transportés sur une distance de 30 km, les frais de production s'élèvent à 1 032 382 FCFA. Dans ce cas, 17 % des frais de production reviennent aux frais de transport. Pour une durée d'utilisation de 18 ans et un facteur coûts de réparations représentant 2 % des frais de production, les coûts annuels moyens par q de maïs stocké sont de 523 FCFA.

Hypothèses modèles

Coûts de l'entrepôt pour

*) Pour des raisons de comparabilité, on est parti d'une utilisation optimale pour toutes les méthodes de stockage, bien que le magasin fumigable n'ait jamais été exploité de cette manière.

b) Coûts des matériels auxiliaires de stockage

Pour stocker 250 q de maïs dans un entrepôt adapté à la fumigation, il faut 8 palettes. Pour un prix d'achat de 6 500 FCFA par palette, une durée d'utilisation de 8 ans, une valeur résiduelle de 5 % du prix d'achat (bois de chauffage) et des coûts de réparation annuels de 2 % de la valeur d'achat, les coûts annuels d'utilisation s'élèvent à 39 FCFA par q de mais stocké.

Pour le stockage de 30 q de maïs dans un petit entrepôt, il faut 2 palettes. Pour une palette fabriquée par le paysan lui-même, il en résulte seulement des coûts de 2 000 FCFA par palette. Supposons que la durée d'utilisation, la valeur résiduelle et les coûts de réparation annuels sont les mêmes qu'au magasin fumigable, les coûts annuels d'utilisation s'élèvent à 25 FCFA par q de maïs stocké.

Un sac coûte à l'achat 250 FCFA. En partant d'une durée d'utilisation de 5 ans, d'une valeur résiduelle nulle et des coûts de réparation annuels de 10 % de la valeur d'achat, les coûts annuels d'utilisation s'élèvent à 88 FCFA par q de maïs stocké.

Hypothèses modèles

c) Coûts de préparation de la marchandise à stocker

En ce qui concerne le stockage en grains, il faut prendre en compte certains frais de préparation, du fait que le maïs doit être déspathé et égrené avant la mise en magasin. Lorsque le maïs est stocké en épis, cette opération intervient directement à la suite du prélèvement. Il n'y a en général pas de travaux urgents à accomplir durant cette période.

On a effectué sur n = 10 exploitations des relevés des temps de travail nécessités par les opérations de déspathage et d'égrenage. Lorsque ces opérations se déroulent sans l'aide de moyens techniques, une personne peut déspather et égrener env. 50 kg de maïs par jour. La méthode dite "du bâton et du sac. permet d'atteindre un rendement deux fois supérieur.

Hypothèses de modèles

d) Frais d'emmagasinage et de sortie de magasin

L'emmagasinage du maïs en épis représente un nombre d'heures de travail relativement important. Dans la plupart des cas, les personnes participant aux travaux sont nourries et reçoivent gratuitement des boissons alcooliques. Il ressort des interviews que plus la quantité à stocker est importante, plus les coûts de ravitaillement diminuent. Pour un grenier d'une taille inférieure à 5 "pieds", (2,5 q), les frais sont de 360 FCFA/q de maïs stocké. Si la taille du grenier se situe entre 5 et 10 "pieds", 7,5 q), les frais sont ramenés à 183 FCFA, et pour un grenier de plus de 10 "pieds", (15 q) à 165 FCFA/q de maïs stocké. Les frais moyens de mise en magasin s'élèvent à 236 FCFA/q de maïs stocké. Les coûts d'emmagasinage du maïs en grains (sacs) peuvent être considérés comme négligeables.

La sortie de magasin se fait par quantités partielles, en fonction des besoins, et cela pour toutes les méthodes de stockage considérées. Cette opération n'entraîne pas de frais.

Hypothèses modèles

5.3.2.3 Structure des coûts des mesures de protection des stocks

Lorsqu'il y a utilisation de produits de protection des stocks, il faut prendre en compte les coûts de ces produits, les frais d'acquisition et d'application, de même qu'un certain taux d'intérêt pour le capital de roulement. Le taux d'intérêt est fonction du volume et de la durée d'immobilisation du capital de roulement, ainsi que du taux d'intérêt retenu pour le calcul (8%). Les frais d'acquisition des produits peuvent être considérés comme négligeables (tableau 5.11 ).

Les insecticides chimiques, qui se présentent sous forme de poudre, sont appliqués sur la marchandise stockée en sacs ainsi que sur le maïs en épis. La quantité d'application recommandée est de 50 g/q de maïs (en grains) pour les deux formes de stockage. En supposant que l'on utilise les produits possédant la meilleure efficacité (insecticides binaires), les coûts moyens se chiffrent à 125 FCFA/q de maïs stocké.

Tabl. 5.11: Coûts des produits de protection des stocks; (Togo 1989)

*) Quantité d'application pour 1 fumigation (indépendamment des quantités stockées)
**) Quantité stockée: 250 q
***) Produit non commercialisable; frais d'acquisition inexistants ou négligeables

Le Phostoxin, qui est un fumigant, est utilisé uniquement dans les entrepôts adaptés à la fumigation, sur le maïs en sacs. Il en faut 3 tubes pour fumiger un entrepôt entier. Pour une utilisation intégrale de la capacité de l'entrepôt (250 q), et un prix de 1 420 FCFA/tube, les frais de produits s'élèvent à 17 FCFA/q de maïs stocké.

Les moyens de protection traditionnels sont utilisés uniquement sur le maïs en épis. C'est bien souvent l'agriculteur lui-même qui décide de la quantité à appliquer, ce qui fait que dans de nombreux cas, la dose utilisée n'est pas exactement quantifiable. La plupart des produits traditionnels sont des produits non commercialisables, dont la valeur propre et la valeur de substitution sont négligeables. Une partie des agriculteurs achetaient les résidus de fabrication de l'eau-de-vie de palme au prix de 25 FCFA/I. Pour une quantité d'application de 1 I/q de maïs, les frais de produits se chiffrent à 25 FCFA/q de maïs, stocké.

Les frais d'application dépendent en partie directement de la forme sous laquelle le maïs est stocké. Aucun des produits de protection des stocks ne rend nécessaire l'utilisation de matières auxiliaires. Les produits chimiques sont appliqués à l'aide de matériels techniques, tandis que les moyens traditionnels ne font appel à aucun matériel. L'application des insecticides chimiques sur le maïs, en épis se fait au moyen d'une boîte en fer blanc perforée. Pour confectionner ce récipient, il suffit d'avoir un clou et une boîte en fer blanc. L'insecticide étant appliqué au moment de l'emmagasinage, l'opération n'entraîne donc pas de frais supplémentaires de main d'oeuvre. Le stockage en épis avec emploi de produits traditionnels n'entraîne pas davantage de frais supplémentaires puisque l'application des produits intervient là encore au moment de l'emmagasinage.

Pour le stockage en sacs avec utilisation d'insecticides chimiques, on a besoin d'une boîte d'allumettes pour le dosage du produit, ainsi que d'une cuvette destinée à mesurer les quantités de maïs, Par rapport au stockage en épis, le temps de travail nécessaire à l'application du produit est ici plus élevé. Une personne peut traiter par jour env. 10 q de maïs, Les frais d'application sont fonction des coûts d'exploitation de base pour la main d'oeuvre.

Les fumigations ont été effectuées jusqu'à présent gratuitement par le personnel du Service National de la Protection des Végétaux. Seules les tablettes de fumigants étaient à la charge des agriculteurs. En partant du chiffre de 2 fumigations par jour, d'un salaire de 1 000 FCFA/JT pour le chauffeur et de 4 000 FCFA/JT pour le personnel de fumigation, et d'un parcours total de 180 km à 75 FCFA/km, on obtient des frais d'application de 64 FCFA/q de maïs, stocké.

Hypothèses modèles

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