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5.3.2.4 Evolution des pertes de stockage

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Les paramètres de base permettant de calculer les pertes de stockage ont été indiqués au chapitre 4. Les pertes quantitatives de stockage analysées sont celles qui sont dues aux insectes nuisibles. Les hypothèses modèles qui vont suivre sont fondées d'une part sur les données de pertes collectées au cours des essais "on-farm" et d'autre part sur les données de pertes figurant dans la bibliographie.

Hypothèses modèles

Cause de pertes: Insectes (coléoptères)
Type de pertes: Pertes quantitatives de stockage
Evolution des pertes (degré d'infestation): faible moyen élevé *)
Pertes au moment de l'emmagasinage (%): 0,5 1,0 2,0
Progression mensuelle des pertes (%): 0,2 0,4 0,8

*) Infestation par Prostephanus truncatus

Pour ce qui est de l'évolution des pertes, on distingue trois degrés d'infestation (faible, moyen et élevé; cf. tableau 5.12). A l'intérieur de chacun de ces niveaux, on distingue les pertes qui existaient au moment de l'emmagasinage, de même que la progression mensuelle des pertes en cours de stockage. La courbe de pertes qui indique une forte infestation correspond à une infestation due à Prostephanus truncatus, un insecte nuisible.

Au niveau de l'évolution des pertes, on est parti des hypothèses suivantes:

Tabl. 5.12: Hypothèses sur l'évolution des pertes (en %) dans les différents procédés de protection des stocks pour les calculs modèles

Infestation
(degré)
Procédé
n° *)
Nombre de mois après l'emmagasinage (E)
E 1 2 3 4 5 6 7 8
faible 1,4,7 0,5 0,7 1,1 1,7 2,5 3,5 4,7 6,1 7,7
2,5 0,5 0,7 1,0 1,6 2,3 3,2 4,3 5,5 7,0
3,6,8 0,5 0,6 0,8 1,1 1,5 2,0 2,6 3,3 4,1
9,11 0,5 0,7 1,0 1,4 2,0 2,8 3,7 4,7 5,9
10,12 0,5 0,5 0,6 0,7 0,9 1,1 1,3 1,6 1,9
13 0,5 0,5 0,5 0,6 0,6 0,7 0,7 0,8 0,9
moyen 1,4,7 1,0 1,4 2,2 3,4 5,0 7,0 9,4 12,2 15,4
2,5 1,0 1,4 2,1 3,2 4,6 6,4 8,6 11,1 14,0
3,6,8 1,0 1,2 1,6 2,2 3,0 4,0 5,2 6,6 8,2
9,11 1,0 1,3 1,9 2,8 4,0 5,5 7,3 9,4 11,8
10,12 1,0 1,1 1,2 1,5 1,8 2,2 2,7 3,2 3,9
13 1,0 1,0 1,1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,6 1,7
élevé 1,4,7 2,0 2,8 4,4 6,8 10,0 14,0 18,8 24,4 30,8
2,5 2,0 2,7 4,2 6,3 9,2 12,8 17,1 22,2 27,9
3,6,8 2,0 2,4 3,2 4,4 6,0 8,0 10,4 13,2 16,4
9,11 2,0 2,6 3,8 5,6 8,0 11,0 14,6 18,8 23,6
10,12 2,0 2,2 2,5 3,0 3,6 4,4 5,4 6,5 7,8
13 2,0 2,0 2,1 2,2 2,4 2,6 2,8 3,1 3,4

*) Cf. tableau 5.9

5.3.2.5 Quantités produites quantités emmagasinées

Les quantités produites et les quantités emmagasinées ont été établies directement dans le cadre des essais (figures 5.2 à 5.4). En se plaçant du point de vue spécifique de la production ou de celui des besoins, il est par ailleurs possible de déduire ces données des collectes effectuées sur les exploitations.

Pour ce qui est de la méthode de déduction orientée sur la production, on a pris pour base de calcul la surface physique cultivée en moyenne sur chaque exploitation (1,39 ha) (Cf. tableau 3.4). A supposer que le chef d'exploitation dispose des deux tiers de la surface cultivable et y cultive du maïs deux fois par an, on arrive à un chiffre de production de 840 kg de maïs par période de culture, pour un rendement moyen à l'hectare de 0,9 t.

En ce qui concerne la méthode de déduction orientée sur les besoins, on est parti d'une exploitation occupant 8 personnes, qui entretient par ailleurs une autre personne ne vivant pas sur l'exploitation (cf. tableau 3.4). La quantité mensuelle de maïs nécessaire à l'approvisionnement d'une famille se chiffre à 89 kg (cf. chapitre 3.2.3). En supposant que la vente de maïs couvre 40 % des besoins en liquide (cf. chapitre 3.2.1), et en partant d'un prix moyen du maïs de 75 FCFA/kg, on arrive à un besoin supplémentaire mensuel en maïs de 77 kg pour couvrir les dépenses régulières, les besoins passant à 310 kg pour six mois pour la couverture des dépenses irrégulières (cf. tableau 3.5). Une famille a donc besoin pour six mois de 1 246 kg de mais. Pour couvrir les deux tiers des besoins en maïs le chef d'exploitation doit donc récolter env. 830 kg de maïs par période de culture. La quantité de production déduite des données collectées sur les exploitations (830 kg) correspond presque exactement à la quantité de production moyenne déterminée à partir des deux périodes d'enquête (825 kg).

Fig. 5.2: Quantités produites et quantités emmagasinées lors des essais 2/86 et 1/87 (en kg); (moyenne de n = 16 et n = 22 exploitants)

Fig. 5.3: Quantités produites et quantités emmagasinées lors de l'essai 2/86; (en % de n = 16 exploitants)

Fig.5.4: Quantités produites et quantités emmagasinées lors de l'essai 1/87; (en % de n = 22 exploitants)

Par la méthode de détermination des quantités de production orientée sur les besoins, on arrive à un besoin semestriel en mais de 306 kg pour la couverture des dépenses irrégulières. Ces dépenses sont en général effectuées directement après la récolte, avant l'emmagasinage du maïs Pour pouvoir faire face aux deux tiers de ces dépenses, le chef d'exploitation doit, pour un prix moyen du maïs de 75 FCFA/kg, vendre un quart de la production. Au cours des deux périodes d'enquête, 75 % en moyenne de la quantité de production ont été mis en stocks. Ce taux est identique à celui établi à partir des besoins.

Hypothèses modèles

Quantités produites (kg): 400 800 1600
Quantités emmagasinées (kg): 300 600 1200

5.3.2.6 Durée de stockage et prélèvements de maïs

a) Durée de stockage

Les résultats des essais et collectes de données sur l'exploitation montrent que la plupart des agriculteurs stockent leur maïs pendant au maximum 6 mois (figures 5.5 et 5.6). Il est intéressant de noter qu'il sont plus nombreux à préférer une période de stockage relativement courte (jusqu'à 3 mois) à une période de stockage plus longue (au-delà de 6 mois).

Du point de vue de la durée de stockage, l'évaluation des magasins fumigables présente une autre physionomie. Dans l'ensemble des entrepôts, le maïs n'avait pas été, comme prévu, emmagasiné peu après la récolte (octobre), mais en février/mars, après seulement qu'il ait été stocké dans des greniers traditionnels. Le maïs qui provenait uniquement de la grande période de végétation, a été stocké en moyenne durant 3,5 mois.

Hypothèses modèles

Durée de stockage /(en mois): 3 6 8

Fig. 5.5: Durée de stockage lors des essais 2/86 et 1 /87; (en % de n = 16 et n = 22 exploitants)

Fig. 5.6: Durée de stockage lors des enquêtes 1/87 et 2/87; (en % de n = 300 et n = 294 exploitants)

b) Prélèvements de maïs

Les résultats des essais ont montré qu'il y avait eu des prélèvements de maïs continuels dans l'entrepôt (figures 5.7 et 5.8). A l'issue d'une période de stockage de trois mois, plus de la moitié de la quantité emmagasinée avait déjà été prélevée. Environ 5 % seulement de la quantité emmagasinée sont demeurés plus de 6 mois dans l'entrepôt.

Hypothèses modèles

Prélèvements
- mode: mensuel en fin de période de stockage
- quantité (kg): 100 (150) quantité emmagasinée

En ce qui concerne le mode de prélèvement, on est parti pour la variante "mensuel" d'un prélèvement régulier de mais, destiné d'une part à couvrir les besoins propres de la famille, et de l'autre une part des besoins en liquidités (40 %) nécessités par les dépenses régulières. Pour la variante "en fin de période de stockage", on a postulé qu'il n'y avait eu jusque-là aucun prélèvement de maïs durant la période de stockage (grenier destiné à la vente). Il existe une connexité entre la quantité prélevée et le mode de prélèvement. Le prélèvement mensuel de 100 kg résulte de la méthode de déduction orientée par rapport aux besoins (voir hypothèses concernant les quantités produites et les quantités emmagasinées). On est parti d'un prélèvement de mais mensuel de 150 kg pour les cas où l'agriculteur dispose d'une quantité de production plus élevée (1 600 kg), où la quantité emmagasinée est également plus importante (1 200 kg), et où la durée de stockage atteint 8 mois. Pour la variante "quantité emmagasinée", on a supposé que cette quantité était vendue en totalité à l'issue de la période de stockage (grenier destiné à la vente).

Fig. 5.7: Prélèvements de maïs dans l'entrepôt lors de l'essai 2/86 (en kg) (moyenne de n = 16 exploitants)

Fig. 5.8: Prélèvements de maïs dans l'entrepôt lors de l'essai 1/87 (en kg) ; (moyenne de n = 22 exploitants)

5.2.3.7 Utilisation du maïs

On a distingué dans la destination du maïs différents postes: besoins propres, vente et dons. La rubrique dons. englobe la cession de maïs sans contrepartie, ainsi que la cession de maïs à titre de rémunération en nature des personnes aidant à la récolte. La destination des quantités de maïs produites (emmagasinées) établie lors des essais révèle que l'autoapprovisionnement et la vente étaient d'une importance égale (figures 5.9 et 5.10).

Au cours des deux essais, le mais était essentiellement employé pour l'alimentation. Plus de 95 % de la quantité de production étaient réservés à l'alimentation. 2 à 4 % de la production ont servi de semences. Les parties de grains infestées par les ravageurs, de même que les particules résiduelles provenant du traitement et de la préparation des repas, ont été distribuées aux animaux. Il s'agissait en l'occurrence de quantités négligeables.

Hypothèses modèles

Destination du maïs: Auto-approvisionnement et vente
Emploi: Alimentation

En ce qui concerne la destination du maïs on attribue à l'auto-approvisionnement et à la vente une importance égale. Du fait que les dons de maïs ne représentent qu'un volume négligeable (cf. chapitre 3.2.3), il n'a pas été tenu compte de ce poste dans les calculs. Etant donné que les quantités employées à cet effet étaient négligeables (cf. chapitre 5.3.3), il n'a pas été tenu compte dans les calculs de l'emploi du maïs comme semences ou comme aliment pour animaux.

Fig. 5.9: Destination du maïs lors de l'essai 2/86; (en % des quantités produites et des quantités emmagsinées); (moyenne de n = 16 exploitants)

Fig. 5.10: Destination du maïs lors de l'essai 1/87, (en % des quantités produites et des quantités emmagasinées); (moyenne de n = 22 exploitants)

5.3.2.8 Evolution des prix du maïs

Le prix du maïs est fonction de l'offre. Il est soumis à de fortes variations régionales, saisonnières et annuelles. Les prix peuvent varier de plus de cent pour cent au cours d'une même année (figure 5.11). C'est en août, à la fin de la grande période de végétation, qu'ils sont les plus bas, avec en moyenne 50 FCFA/kg. Ils augmentent lentement durant la petite période de végétation, et ce n'est qu'après la récolte qui clôt cette petite période de végétation (décembre) qu'ils augmentent de manière plus sensible. Les prix sont à leur plus haut niveau entre mars et juin, passant à plus de 100 FCFA/kg au cours des mois d'avril et de mai. Les fluctuations de prix saisonnières reviennent chaque année et touchent toutes les régions.

Hypothèses modèles

Prix (FCFA): 50 75 100

Fig. 5.11: Evolution saisonnière des prix du maïs la Région Maritime; (moyenne des années 1984 à 1988)

5.3.2.9 Résumé des hypothèses modèles

Les calculs modèles font référence aux pertes quantitatives causées par les insectes nuisibles (coléoptères) aux stocks de maïs entreposés chez les petits exploitants, ce maïs étant en l'occurrence destiné d'une part à l'auto-approvisionnement de la famille en tant que produit alimentaire, et d'autre part à la vente.

On a distingué au total 13 procédés différents de protection des stocks. Comme critères de délimitation entre ces divers procédés, on a fait intervenir la structure de coûts des procédés de stockage, la structure de coûts des mesures de protection, et enfin le degré d'efficacité dans la prévention des pertes de stockage. Les hypothèses modèles regroupées au tableau 13 sont applicables à l'ensemble des calculs.

Les facteurs d'influence exogénes et endogènes du système de post-récolte peuvent varier selon les périodes de stockage et les exploitations. De manière à se rapprocher au maximum des conditions rencontrées dans la pratique, on a affecté à plusieurs des paramètres une certaine amplitude de variation, qui est représentée dans le tableau 5. 14.

Une matrice de résultats soucieuse de tenir compte de toutes les combinaisons possibles comporterait plus de 1,3 millions de valeurs. Il est néanmoins possible de ramener les combinaisons possibles à un nombre plus restreint en partant de critères de plausibilité et en faisant appel à certaines restrictions empiriquement démontrables. Les paramètres figurant en caractères gras dans le tableau 5.14 sont ceux qui ont servi de base pour les calculs.

Tabl. 5.13: Résumé des hypothèses modèles

Produit: maïs
Niveau de post-récolte: stockage chez les petits paysans
Cause de pertes: insectes (coléoptères)
Type de pertes: pertes quantitatives
Emploi du maïs alimentation
Destination du maïs auto-approvisionnement et vente
Nombre de procédés de protection des stocks: 13
Taux d'intérêt: dépend de:
- capital de roulement
- durée du stockage
Taux d'intérêt de calcul (%): 8
Frais de stockage pour
- stockage en épis (habitation): néant
- stockage en épis (grenier): frais moyens cas C
- stockage en épis ("crib"): frais liés au "Crib"
- stockage en grains (habitation): néant
- stockage en grains (petit entrepôt): frais du type III
- stockage en grains (magasin fumigable): frais liés au magasin fumigable
Coûts des auxiliaires de stockage pour
- stockage en épis: néant
- stockage en grains (habitation petit entrepôt): 113 FCFA/q de maïs stocké
- stockage en grains (magasin fumigable): 127 FCFA/q de maïs stocke
Coûts de préparation pour
- stockage en épis: néant
- stockage en grains: frais d'exploitation main d'oeuvre
Frais d'emmagasinage pour
- stockage en épis: 236 FCFA/q de maïs stocké
- stockage en grains: néant
Frais de sortie de magasin: néant
Coûts des produits
- produits traditionnels (résidus de "Sodabi"): 25 FCFA/q de maïs stocké
- produits chimiques (insecticides binaires): 125 FCFA/q de mais stocké
- fumigants (Phostoxin): 17 FCFA/q de maïs stocké
Frais d'acquisition des produits: néant
Frais d'application des produits pour
- stockage en épis: compris dans les frais d'emmagasinage
- stockage en grains (produits chimiques): frais d'exploitation main d'oeuvre
- stockage en grains (fumigants): 64 FCFA/q de maïs stocké

Tabl. 5.14: Variations des paramètres structurels pour les calculs modèles

Paramètres Variations *)
Nombre de procédés de protection des stocks:   13  
Utilisation annuelle      
- entrepôt (fréquence): 1 2  
- auxiliaires de stockage (fréquence): t 2  
Frais d'exploitation main d'oeuvre (FCFA/JT): 0 250 500
Evolution des pertes (degré d'infestation): faible moyen élevé
* pertes à l'emmagasinage (%): 0,5 1,0 2,0
* progression mensuelle des pertes (%): 0,2 0,4 0,8
Quantités
- produites (kg): 400 800 1600
- emmagasinées (kg): 300 600 1200
Durée de stockage (en mois): 3 6 8
Prélèvements
- mode: mensuel à la fin de la période de stockage
- quantités (kg): 100 (150) quantité stockée
Prix du maïs (FCFA): 50 75 100  

*) Valeurs en caractères gras = paramètres de base


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