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Pour réaliser ce contre-essai dans des conditions proches de la réalité, on a érigé en août 1990 à Davié 13 encore 15 greniers à maïs, dans lesquels on a emmagasiné env. 30 kg de maïs en épis d'une espèce locale, fraîchement récoltés. Aussitôt après cette opération, on a introduit dans chaque grenier 40 adultes de P. truncatus, ne présentant aucune infestation. On trouvera aux tableaux 20 à 24 les pourcentages moyens de dégâts et pertes, à la fois pour chaque variante et pour toute la durée du stockage, c'est3-dire 20 semaines.
Tabl. 20 : Dégâts et pertes dans la variante-témoin
de l'essai de stockage II
Echantillonnage | Dégât | Perte |
a.m.s. * | 3,6 | 0,74 |
semaines | 8,0 | 1,68 |
semaines | 17,0 | 4,212 |
semaines | 34,0 | 2,716 |
semaines | 44,1 | 6,5 |
semaines | 58,1 | 7,8 |
* a.m.s. = après la mise en stock
Tabl. 20 : Dégâts et pertes dans la variante traitée aux
spores de l'essai de stockage II
Echantillonnage | Dégât | Perte |
a.m.s. * | 4,6 | 0,5 |
4 semaines | 8,6 | 1,0 |
8 semaines | 17,3 | 3,9 |
12 semaines | 24,5 | -3,0 |
16 semaines | 47,1 | 1,7 |
22 semaines | 50,5 | 1,4 |
* a.m.s. = après la mise en stock
Tabl. 22 : Dégâts et pertes dans la variante traitée à
la K-Othrine (1 mg de deltaméthrine/kg de maïs) de l'essai de
stockage II
Echantillonnage | Dégât | Perte |
a.m.s. * | 3,8 | 0,4 |
4 semaines | 6,4 | 0,6 |
8 semaines | 9,3 | -0,2 |
12 semaines | 24,3 | 5,3 |
16 semaines | 27,3 | -0,4 |
20 semaines | 43,9 | 5,4 |
* a.m.s. = après la mise en stock
Tabl. 23 : Dégâts et pertes dans la variante de 'essai de stockage II soumise à un traitement réduit à la K-Othrine (0,5 mg de deltaméthrine/kg de maïs)
Echantillionnage | Dégât | Perte |
a. m. s. * | 3,7 | 0,5 |
4 semaines | 4,6 | 0,4 |
8 semaines | 13,7 | 2,2 |
12 semaines | 34,4 | 6,3 |
16 semaines | 46,7 | -4,4 |
20 semaines | 53,4 | 7,3 |
* a.m.s. = après la mise en stock
Tabl. 24 : Dégâts et pertes dans la variante de l essai
de stockage II soumise à un traitement mixte à la K-Othrine et
aux spores (0,5 mg de deltaméthrine/kg de maïs associée à des
spores)
Echantillonnage | Dégât | Perte |
a.m.s. * | 4,0 | 0,7 |
4 semaines | 8,8 | 1,2 |
8 semaines | 9,1 | 1,2 |
12 semaines | 26,3 | 3,0 |
16 semaines | 33,3 | -1,6 |
20 semaines | 39,9 | 1,4 |
* a.m.s. = après la mise en stock
Les dégâts étaient en augmentation dans toutes les variantes, et cela sur l'ensemble de la durée de stockage. Au bout de 20 semaines, les dommages atteignaient entre 40 % environ (variante à traitement combine) et 58 % (témoin) (cf. tabl. 20 à 24). Les pertes, quant à elles, se présentent de manière différente. Les chiffres calculés en l'occurrence font apparaître de fortes fluctuations dans toutes les variantes. On a même enregistré à l'issue de certaines périodes des chiffres de pertes négatifs, bien que l'on dit établi sur les échantillons correspondants des pourcentages de dégâts atteignant jusqu'à 47 % (cf. tabl. 23).
L'apparition de pertes négatives sur les échantillons d'épis de maïs s'explique par les problèmes fondamentaux lies à la collecte de données destinées à la méthode du comptage et du pesage. Le nombre et le poids des grains de maïs infestes, tout comme ceux des grains non infestes' sont intégrés à l'équation qui permet de calculer les pertes (cf. chap. 2.5). L'examen des données brutes collectées lors de cet essai a révélé que le poids de certains grains infestes dépassait celui de grains intacts. Or, un tel résultat est illogique parce que les grains infestes par des ravageurs deviennent plus légers. Les fractions de grain infestées ayant été dénombrées à la main, on peut supposer qu'il y a eu une erreur de comptage du niveau du nombre de grains de maïs des différents échantillons et que l'on a déterminé un nombre de grains insuffisant, ce qui pourrait expliquer que certains grains, parmi les divers échantillons, ont un poids individuel plus élevé. Ces différences pourraient toutefois être le fait du hasard dans la mesure ou le poids individuel du grain constitue une grandeur variable. Les pertes négatives étaient la conséquence de l'excédent de poids des grains infestes. On ne peut pas davantage écarter l'éventualité d'un résultat similaire en ce qui concerne le calcul des dommages, bien que le phénomène ait ici une moindre incidence du fait que la formule servant a établir les dégâts ne tient pas compte du poids des grains (cf. chap. 2.5).
Comme l'indique la figure 31, l'anobie s'est développée uniquement dans les greniers non traites et dans ceux traités aux spores de protozoaires. Les dommages enregistrés dans ces deux variantes ont été 13 encore relativement élevés, puisqu'ils atteignaient respectivement 58 et 50,5 %. A noter cependant que les dégâts constates dans la variante traitée à une concentration de deltaméthrine réduite ont atteint 53 %, et cela en dépit du fait que l'application d'insecticide avait prévenu l'apparition d'une infestation par l'anobie. Même sur les épis de maïs traités à I mg de deltaméthrine par kg, les dommages étaient tout c fait considérables, atteignant un maximum de 44 %. Au contraire des résultats obtenus lors de l'essai de stockage 1, on n'a pas constaté par conséquent d'augmentation nette des dégâts en liaison avec l'apparition de l'anobie.
Le nombre moyen de ravageurs trouves sur les échantillons d'épis des variantes sans traitement et des variantes traitées aux spores a augmenté au cours de la période de stockage, bien que cette croissance dit été plus restreinte dans les greniers traités (fig. 31). Avec une moyenne de 550 coléoptères dans les greniers à maïs non traités et de 430 dans les greniers traites aux spores, le nombre de coléoptères était à peu près analogue après 25 semaines de stockage.
Comparé aux populations d'anobies de l'essai de stockage I, au cours duquel 1000 animaux s'étaient développés en moyenne, le nombre moyen d'imagos déterminé pendant l'essai II n'atteignait même pas la moitié. A titre de cause possible du développement de populations relativement denses au cours du premier essai de stockage, on peut citer la pression exercée par l'infestation, qui était plus forte sur le site de Cacaveli que lors de l'essai 11, du fait que les greniers de l'essai I se trouvaient sur le terrain d'essais au voisinage immédiat d'autres greniers à maïs. Cette proximité a été à l'origine d'une migration d'anobies à partir des autres greniers vers les greniers expérimentaux, d'où l'apparition de populations de ravageurs plus importantes. Lors de l'essai II, en revanche, les greniers expérimentaux se trouvaient totalement isoles sur le terrain; il est donc probable que les populations ont évolué exclusivement à partir des 40 P. truncatus places dans chaque grenier.
Durant l'essai II, on a observe dans les variantes intégrant P. truncatus une production de poussière de forage nettement plus élevée que dans celles où il était absent (fig. 32). Ce résultat concorde avec celui de l'essai I.
Compare au pourcentage élevé de dégâts de l'essai de stockage II, qui variait de 40 a 58 N. le niveau de dommages de l'essai de stockage I était plus faible, a savoir entre 13 et 33 %. Etant donne que le nombre de P. truncatus trouves au cours du second essai dans les greniers des variantes correspondantes était largement inférieur a celui du second essai, on peut affirmer que le ravageur n'était pas a l'origine des dégâts importants constatés lors de l'essai II. Comme nous l'avons dit plus haut, le recensement des infestations ayant été strictement l rite à P. truncatus lors des deux essais, on ne peut {mettre que des hypothèses du sujet des autres insectes parasites qui peuplaient également le grenier. Ainsi, on peut supposer qu'au cours du second essai le spectre des autres ravageurs Etait plus large et/ou comportait beaucoup plus d'insectes d'une même espèce que lors de l'essai de stockage I. Les échantillons d'épis de maïs du contre-essai, qui étaient en général fortement abîmés, laissent à penser qu'il a pu s'agir d'une présence assez massive du ravageur primaire S. zeamais, que l'on rencontre fréquemment.
Les taux de mortalité établis parmi les P. truncatus traités et leurs congénères non traites atteignaient au maximum 14 % (tabl. 25). Dans les deux variantes, les taux de mortalité des coléoptères différaient à peine l'un de l'autre Il faut cependant noter que l'on a constaté, comme lors du premier essai, une mortalité initiale élevée chez les adultes traités (8,3%). Ce pourcentage élevé s'étant manifesté des l'issue de la première période de 4 semaines' il est évident que le phénomène n'était pas dû aux effets des spores de protozoaires.
Tabl. 25 : Mortalité des adultes de Prostephanus truncatus dans les greniers à maïs non traites et dans ceux traités aux spores de l'essai de stockage II
Variantes |
Mortalité (%) |
||||
4 | 8 | 12 | 16 | 20 | |
Témoin | 3,4 | 9,8 | 8,9 | 14,1 | 9,6 |
Traitement | 8,3 | 8,7 | 10,0 | 7,6 | 14,0 |
L'examen de dépistage d'une infection de P. truncatus par les protozoaires a révélé que les coléoptères non traites avaient été infectes pour la première fois au bout de 12 semaines d'essai seulement (fig. 33). Sur les coléoptères traités aux spores, au contraire, on a observe des l'issue de la 4ème semaine une infection minime par les agents pathogènes. Le taux moyen d'infection par les protozoaires s'établissait autour de 15 % chez les coléoptères traites, tendis que parmi leurs congénères qui n'avaient pas subi de traitement aux spores, le taux d'infection moyen avoisinait les 69%. Cette différence de taux d'infection a été significative à deux dates d'évaluation (fig. 33). Le niveau d'infestation peut être considéré dans l'ensemble comme très faible.
La figure 34 indique la moyenne d'infection individuelle chez les adultes, morts et vivants, sur l'ensemble de la période d'observation, d'une part dans la variante non traitée, d'autre part dans celle traitée aux spores. On a observe dans chacune d'elles des taux d'infection significativement plus élevés chez les animaux morts. Parmi les coléoptères traites, 43 % des P. truncatus morts présentaient une infestation par les protozoaires, alors que parmi leurs congénères vivants moins de 10 % seulement étaient infectes. L'infestation par les protozoaires constatée sur les coléoptères, morts et vivants, dans les greniers non traités, étaient beaucoup plus faible (15 et 2 %)
Chez les adultes du ravageur soumis à un traitement c'était l'espèce Mattesia qui dominait. Au cours de l'essai de stockage 1, on avait également observé la prédominance de la néogrégarine par rapport à l'espèce Nosema. Lors de l'essai de stockage 11, la pénétration de spores de Nosema dans les greniers a été 13 encore proportionnellement plus forte que celle des spores de Mattesia. Ce résultat est par conséquent en contradiction avec les quantités de spores appliquées. On peut en conclure que la néogrégarine est plus virulente sur son hôte, P. truncatus que la microsporidie, hypothèse que l'on avait déjà pu déduire des résultats d'infection obtenus lors d'un essai précédent (cf. chap. 3.3.5.2).
Concernant les essais de stockage I et II, nous dirons en conclusion que l'application de K-Othrine, aussi bien a haute concentration qu'à concentration plus réduite, a permis de combattre très efficacement l'anobie. Les traitements à la K-Othrine, associée a une préparation aux spores, ont également paralysé le développement du Grand Capucin du Maïs. A partir de ces effets manifestement mortels sur le ravageur, on peut conclure que les spores de protozoaires appliquées lors des traitements combinés n'ont pas pu agir du tout, puisque aussi bien les coléoptères utilises ont été tués instantanément par l'insecticide.
Dans les greniers non traites et dans ceux traites aux spores, le développement de P. truncatus a été cause de dégâts plus importants que ceux subis par les greniers où il était dosent Dans le cas du second essai de stockage, cette constatation ne s'applique toutefois qu'au témoin. Le niveau d'ensemble élevé des dégâts observes dans les diverses variantes de stockage du contre-essai est vraisemblablement dû à la présence d'autres ravageurs des stocks.
Le fait que l'infection par les protozoaires des coléoptères traites ait été significativement plus élevée que chez leurs congénères non traités montre que le traitement aux spores a agi sur le ravageur au cours des deux essais. Néanmoins, l'infestation a été dans l'ensemble tellement minime que le ravageur n'a été vraiment freine dans son évolution dans aucun des deux essais. Avec 25,5 % maximum (essai I), et 16,6 % de ravageurs infectes (essai II), ni la mortalité, ni la croissance de populations n'non été modifiées de manière décisive par l'application de spores. Ces résultats me permettent pas de conclure que la mise en oeuvre dans le grenier à maïs de la préparation aux spores présente une efficacité certaine contre l'organisme cible, c'est-à-dire P. truncatus.