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Les tests ont porté sur les plantains (French sombre.) récoltés aux stades 900 et 1200°C. Les régimes découpés sont traités au Benlate (matière active Benomyl) à la dose de 50 g/100ml d'eau. Les durées totales de conservation (100% de maturation) sont consignées dans le tableau 17.
Tableau 17: Durées totales de conservation des fruits témoins et désinfectés (en jours).
Témoins |
Traités |
|||
à température ambiante | 32 | 14 | 37 | 15 |
au froid | 55 | 30 | 62 | 33 |
Les durées de vie verte des fruits désinfectés sont augmentées de quelques jours (1 à 7). L'action du traitement apparait plus nettement lorsque la durée de stockage se prolonge (conservation au froid ou fruits récoltés plus précocement). Pour les stades de récolte très avancés (1200°C), la maturation des lots témoins et traités survient rapidement à température ambiante de sorte que l'effet du produit est moins visible. Après 7 jours de stockage au froid, 100X des fruits témoins ont présenté des attaques fongiques importantes au niveau des blessures; 15X des doigts traités ont montré de légères attaques partir de 22 à 25 jours. A température ambiante, le phénomène est. apparu sur les doigts témoins à partir de 12 à 13 jours (65% d'attaques). En fin de stockage, 10% des fruits traités (stade 900°C) contre 0% (stade 1200°C) Indiquaient le symptome.
Tableau recapitulatif et conclusion
De ces expérimentations effectuées en station, on peut tirer les enseignements suivants:
1 - la qualité du régime à la récolte (niveau de remplissage, couleur de la pulpe) et son poids, augmentent avec le stade de récolte, tandis que diminue son aptitude à la conservation. L¢ gain en poids évoluerait plus lentement aux stades ultimes de remplissage. En situation de maturation trop rapide au cours de la commercialisation, on devrait arriver à ajuster le stade de coupe en fonction des besoins, sans trop perdre en rendement
2 - par rapport à la température ambiante, le froid permet de prolonger le stockage en même temps que l'aspect frais du plantain, ce qui n'est pas sans intérêt quant on connait l'importance de ce critère au cours des ventes.
Pour étre plus efficace, l'utilisation du froid doit intervenir le plus rapidement possible après la récolte
3 - manipulés avec précaution, les durées de vie vertes des régimes entiers de bananes plantains sont identiques à celles des régimes découpés en mains ou en bouquets: cette forme de présentation du produit en vigueur dans la filière traditionnelle, ne devrait pas étre systématiquement rejetée dans les projets d'amélioration des systèmes post-récolte
4 - l'utilisation de fongicides peut prolonger la conservation, mais l'application de ces composés serait plus intéressante pour des besoins de stockage de longues durées.
Le principal objectif des essais de conservation est de prolonger ou de contrôler la durée de vie verte des fruits, afin d'éviter des pertes du produit et d'écouler dans des conditions optimales.
On sait que les possibilités de conservation des plantains varient en fonction de leurs stades de récolte (cf. Vlll). Les régimes de French sombre qui ont servi aux tests peuvent etre classés dans les trois catégories présentees par les vendeurs:
Leurs poids moyens (fig. 1 en annexe) aussi bien que leurs valeurs marchandes sont différents (cf. Vl et tableau 5).
Comment pounraient évoluer les stocks verts de départ pour chacune de ces qualités en quantité et en valeur ? Prenons le cas de 10 et 20 jours de stockage.
Choix de la base de calcul
On utilisera la décomposition des prix de vente grossiste du tableau S et les poids moyens calculés lors des tests en station (fig. 1 en annexe):
La chambre froide utilisée (voir description en annexe) a une capacité de stockage de 2500 kg de plantains. On part logiquement d'un stock qui contient autant des qualités 1, 2 et 3, Le poids moyen du régime stocke sera de:
(17,2 + 18 + 13,2) / 3 = 15,46 kg,
Ce qui correspond à environ 165 régimes au départ, avec 55 régimes de chacune des qualités.
Le bilan journalier de la consommation électrique de la chambre froide à pleine charge est sensiblement de 52,9 Kwh.
Nous utiliserons les données fournies pour 13C. finalement peu d i f f érentes des paramétres pour 12°C. On ne fera pas intervenir les pertes de poids au cours de la conservation,
Evolution de la valeur des régimes restant, verts,
- Au départ (récolte), tous les régimes sont verts et brillants, Valeurs du lot de chaque qualité:
Après 10 jours, les plantains sont toujours brillants, mais on note des maturations
Après 20 jours, tous les fruits ont "fané"
La durée de vie verte des qualités les moins bonnes est la plus longue. Autrement dit les stades de récolte doivent étre ajustés aux délais de distribution.
Mais il faut souligner que dans la réalité du circuit les prix baissent lorsque les régimes perdent beaucoup de leur fraîcheur (cf. Vl.2); ce qui signifie que à partir de 20 jours, les valeurs réelles sur le marché devraient étre inférieures. cellesci.
Evolution de la valeur des régimes restant, verts.
Le tarif de la SONEL (société Nationale d'Electricité du Cameroun) est de 47 F/Kwh (compteur force)
10 X 52,9 X 47 = 24 865 F
prix de vente net 24 865 + 352 550 = = 377 415 F
le régime à 2 290 F maintenant
Après 20 jours, le produit est toujours brillant
Electricité : 20 X 52.9 X 47 # 49 730 F
Prix de vente net : 49 730 + 226 100 F = 275 830 F
Apres 10 jours de stockage au froid, le coût des plantains verts augmentent de 7X (le régime passe de 2 140 F à 2 290 F). Si tous les fruits étaient encore verts après 20 jours, l'augmentation aurait été de 14X ; le régime, de 2 140 F. passerait à 2 440 P.
Mais si l'état frais, est maintenu plus longtemps, 11 n'est pas du tout évident que les consommateurs achètent plus cher un plantain brillant sorti du froid, qu'un autre tout aussi brillant mais venant juste d'être déchargé du camion, au marche, après la collecte C donc n'ayant pas subi la réfrigération).
On étudie dans quelle mesure lés plantains emballés dans des cartons peuvent être rentablement intégrés dans la filière.
Les plantains récoltés au stade qualité 1 ((cf Vl.1.) sont manipulés avec précaution, suspendus à un portique, découpés. Iavés et-conditionnés comme dans le cas de la. banane destinée I'exportation. Nous fournissons le produit à. des vendeurs habituels de cette denrée, prévenus de l'objectif des tests.
Les actions ont été menées en 2 étapes, en décembre 1990, février, mars et avril 1991; les prix annoncés s'entendent pour ces périodes de production de plantains,
A/ 1ére étape. RécoIte en station
Après la découpe, les doigts sont sélectionnés (les fruits de trés petite taille ou de mauvaise présentation sont écartés).
Livraison 1 (Douala, marché New-Deido).
Livraison 2 (Youndé, marché Essos)
Livraison 3 (Douala, marché New-Deido)
Problèmes rencontrés et observations
Lors de la livraison 1, les détaillants, contre notre attente, vidèrent totalement les plantains des cartons et les étalèrent à même le sol... Les cartons jugés inutiles voire encombrants furent éliminés.
Pendant les livraisons suivantes, nous avons insisté que les emballages soient mis en évidence et les fruits manipulés avec soin au cours de la vente: présentation d'échantillons de mains aux acheteurs, tout en gardant dans les cartons une partie des fruits de façon à montrer aux clients que le produit est nouveau et a fait l'objet d'une attention particulière par rapport aux méthodes habituelles. Cela n'a pas toujours été facile réaliser...
L'idée était de vendre forcément dés le départ la marchandise à un prix plus élevé que le cours du marché afin de:
Nous avons dû aux premiers contacts, réviser rapidement à la baisse notre position au début de ces expérimentations pour certaines raisons:
En d'autres termes, nous n'avons plus cherché à imposer un prix, mais demandé aux commerçants de vanter la qualité de la marchandise (propreté, emballage) de façon à marchander à la plus forte hausse possible le prix de vente, à ne pas descendre en dessous du cours du marché.
Les plantains furent vendus aux prix les plus élevés mais identiques à ceux des autres fruits de qualité 1 verts, d'aspect frais et brillant présents sur la place du marché. Les écoulements se sont par contre déroulés un peu plus rapidement que dans les autres étalages contenant le produit traditionnels
Conclusion
On peut supposer que les clients se sont dirigés de préférence vers un plantain propre et bien présenté. Mais les vendeurs aussi bien que les consommateurs ont paru d'abord préoccupés par la qualité: niveau de remplissage des doigts et couleur de la pulpe. Toute tentative d'amélioration des techniques traditionnelles du circuit, doit prendre d'abord en compte le goût du consommateur.
B/ 2éme étape. Récolte au niveau du producteur
Le conditionnement est réalisé ici chez le paysan, avec les intermédiaires, au cours de leurs collectes. Tous les doigts des régimes sont cette fois mis en carton.
Les vendeurs se chargent de transporter eux-mêmes les cartons en plus de leurs cargaisons traditionnelles (régimes non découpés) vers la ville.
Nous avons poussé cette pois les intermédiaires à vendre P I US cher.
Livraison 4 (achat à Buba, Sud-Ouest sous le guide d'un grossiste-livreur et vente par ce dernier à Douala, marché New-Deido).
Livraison 5 (achat à Koudou. Akonolinga dans le Centre) en compagnie d'un détaillant en régimes et vente à Yaoundé, marché Essos).
Commençons par une approche Partielle du coût de revient des cartons à Douala (livraison 4).
Ce qui donne au total: 6 240 F soit 1 500 F/carton!
Si nous considérons l'ensemble du chargement du grossiste (110 régimes non découpés + 4 régimes découpés, cantons), et le coût du transport individuel aller et retour Douala-Buba (1 900 F), le coût de revient total du chargement est de 117 630 F ou # 1 035 F/élément (régime ou carton). Il est inférieur au prix vendu du carton rempli (1 125 F par carton, livraison 4).
En supposant maintenant que tous les 114 régimes sont découpés (prix de 114 cartons vides = 57 000 F), le prix de revient partiel du chargement
= 172 330 F soit environ 1 515 F/carton.
On omet ici le coût de la main d'oeuvre forcément constitué de plusieurs personnes pour ne pas trainer en longueur toute la Journse, plus le matériel et accessoires nécessaires au traitement des 114 régimes au lieu de 4 seulement)
Au moment de la livraison 4 (février 1991), le prix de vente d'un gros régime (17 à 19 kg) de qualité 1, sur les marchés de Douala est de 1 000 à 1 300 F seulement:
l'opération ne s'est pas montrée rentable sur les Places des marchés traditionnels de bananes plantains aussi bien à Douala qu'à Yaoundé,
Lors de la 1ère étape (récoltes à la station) des expérimentations, de nombreux doigts furent éliminés pour homogénéiser le contenu des cartons. Pour 294 kg de régimes récoltés, 193 kg de fruits ont été emballés, soit environ 66%.
La vente ne s'est pas révélée plus intéressante qu'à la deuxième étape (récolte chez le producteur et vente de 90% du poids des régimes).
Les tests n'ont plus été poursuivis dans cette vole...
On s'est alors intéressé (Douala, Yaoundé) à certaines petites places de marché fréquentées par des gens plus riches (souvent des expatriés), où les fruits et légumes bien propres sont exposés plutôt dans des caisses, des cartons ou à l'air libre sur des tables, aux supermarchés. Mais force est de constater que le plantain y est rare.
Méme les grands consommateurs de niveau social plus élevé. vont s'approvisionner de préférence dans le circuit traditionnel où ils:
Après ces observations, les enquêtes ont finalement porté sur la rentabilité de ce type de conditionnement dans la filière du nord (cf. IX.3.2).
C'est le cas de la trés grande majorité des trajets de la filière du plantain au Cameroun, caractérisée par une mise à disposition relativement rapide (dans les 24 heures) de la denrse au consommateur: ravitaillement de Douala, Yaoundé, villes de province situées en zone de production. On a pu constater que dés qu'il s'établit une possibilité d'écoulement régulier du produit (producteur à I'intermédiaire), les acteurs installent assez vite toast un dispositif qui vise à minimiser leurs pertes (cf. III.3).
Il n'a pas été constaté un besoin imminent de nécessité de conservation du produit frais, afin d'éviter des pertes notables après récolte. Les régimes de qualité 1 qui mûrissent en général plus vite que les autres ne constituent pas de risques particuliers, les acteurs bien au contraire y trouvent plutôt leur compte:
La figure 9 décrit un exemple d'évolution de l'aspect (cf. Vl.2), et des prix de 2 régimes de différents stades de récolte pendant la saison de faible production:
Conclusion
Des tentatives d'amélioration du système post-récolte en zone de production, ne pourraient porter éventuellement que sur la réduction des pertes en valeur du plantain plutôt que sur la perte totale du produit lui-même.
Les actions menées en particulier dans le domaine des manutentions traditionnelles conduiraient à des bénéfices qui ne justifient pas les investissements engagés. L'utilisation du froid ne s'impose pas actuellement au niveau des vendeurs.