Table des matières - Suivante


Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

Introduction

L'urbanisation rapide de l'Afrique (près de 7 % par an) peut 'constituer un effet d'entraînement sur la production vivrière des pays de ce continent à une condition essentielle: celle d'un développement de systèmes d'intermédiation durables (commercialisation, transport, transformation) entre villes et campagnes. Ces systèmes doivent pouvoir à la fois fournir une garantie de débouchés pour les agriculteurs les incitant à accroître leur production et mettre à disposition permanente des consommateurs urbains des produits adaptés à leurs styles alimentaires et à leur budget.

En zone de savane soudanienne ainsi qu'en zone tropicale humide, l'igname en tant que plante et produit alimentaire dispose d'un important potentiel pour relever ce défi. Il a été démontré que c'est une des cultures tropicales les plus efficaces tant en terme calorique (de Vries et al, 1967) que protéique (Idusogie, 1971). Au sud-ouest du Nigeria, au Bénin et, dans une moindre mesure au Togo, la filière d'approvisionnement des villes en ignames a connu d'importantes évolutions. Depuis une quinzaine d'années, elle a basculé d'un système essentiellement basé sur la production, la commercialisation et la consommation de tubercules frais à un système où un produit stabilisé occupe désormais une place majeure: les cossettes.

L'igname en Afrique de l'ouest

Pour l'année 1995, la production africaine d'igname était estimée à plus de 33 millions de tonnes par an, la majeure partie étant fournie par le Nigeria (23 MT). La Côte d'Ivoire (2,8 MT), le Ghana (2,3 MID, le Bénin (1,3 MT) et le Togo (375 000 T) sont également des producteurs importants (FAO, 1996). Entre 1989-91 et 1995, la production du continent aurait augmenté de près de 50 % toujours selon les statistiques de la FAO. Ceci infirme l'image que Coursey (1981) combattait déjà d'une production à l'avenir incertain, au mieux folklorique, handicapée par ses coûts de production élevés et sa conservation difficile.

Dans cette région, l'igname est une culture ancestrale à laquelle les paysans portent un attachement particulier. Cette plante et ce produit ont en effet un rôle social et culturel important qui ont fait qualifier cette région de civilisation africaine de l'igname (Miège, 1957).

L'igname joue également un rôle de sécurité alimentaire car c'est une plante moins sensible aux aléas climatiques que les céréales cultivables dans les mêmes zones. Bien que la civilisation de l'igname, basée sur Dioscorea cayenensis-rotundata, se soit bâtie uniquement en Afrique de l'Ouest en bordure du Golfe de Guinée (Coursey, 1976), sa culture se développe aussi vers les zones tropicales humides de l'Afrique Centrale avec une forte proportion de Dioscorea alata, espèce d'origine asiatique. En République Centrafricaine (250 000 t.), au Tchad (240 000 t.), au Gabon (120 000 t.) et au Zaïre (315 000 t.) (données 1994-96), l'igname est désormais présente au sein des systèmes agricoles, soit en tant que spéculation majeure, soit comme culture de diversification.

La consommation d'igname est importante dans les zones de production où elle peut fournir une part importante des apports caloriques. Elle est également significative en milieu urbain, malgré la concurrence d'autres produits (manioc, maïs, sorgho, riz, blé).

En Afrique, l'igname continue en effet d'être particulièrement appréciée par les citadins et conserve un prestige certain.

Elle participe à la diversification de l'alimentation, tendance lourde de l'évolution des styles de consommation urbains (Bricas, 1993), notamment pour les populations non originaires des zones traditionnelles de production.

En Afrique de l'Ouest, sa commercialisation se développe hors des pays de production vers les villes du Sahel (Bamako, Ouagadougou, Niamey) où l'on observe des arrivages en provenance des pays côtiers et où la consommation s'introduit par le biais de la petite restauration populaire.


Table des matières - Suivante