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Conclusion: des perspectives de développement
La filière cossettes d'igname apparaît, de plusieurs points de vue, très intéressante: d'une part, pour contribuer à la diversification de l'alimentation urbaine en valorisant une production locale et d'autre pari, pour adapter la culture de l'igname à l'évolution des systèmes agraires vers la sédentarisation. Les techniques de transformation actuelles sont maîtrisables par les petits agriculteurs et ne nécessitent pas d'investissements importants.
Il reste que la performance de ce système technique est encore limitée par le travail d'épluchage et les difficultés de séchage et de conservation des stocks. Des améliorations simples issues d'expériences d'autres pays sur des produits différents paraissent cependant possibles à mettre en oeuvre, et ce, malgré le faible pouvoir d'investissement des producteurs ruraux. La mécanisation de la découpe des tubercules à l'aide d'éminceuses utilisées pour le manioc (Jeon et Halos, 1994) semble une vote prometteuse. En produisant des bâtonnets de moins d'un centimètre de section, cet équipement permettrait d'accélérer le travail et de réduire le temps de séchage. L'intérêt de cette innovation ne sera cependant réel que si le produit sous cette forme est accepté par les commerçants et consommateurs. De même l'optimisation du procédé combiné de pré-cuisson, d'imprégnation d'antifongiques et d'insectifuges naturels, et de séchage solaire permettrait d'améliorer la qualité des produits. Les conséquences de ces modifications technologiques sur la conservation et la qualité finale de la farine sont en cours dévaluation.
La diffusion de ce système technique de transformation vers d'autres pays producteurs d'ignames qui ne le pratiquent pas permettrait de diminuer les contraintes d'une filière uniquement basée sur les tubercules frais. Pour réussir, ce transfert de technologie suppose cependant que plusieurs conditions soient réunies, ce qui suppose d'étudier, dans chaque pays, si elles peuvent l'être:
- L'adaptation du produit au goût des consommateurs locaux. La consistance, l'élasticité et la couleur de l'amala sont différentes de celles de l'igname pilée. Ceci peut constituer un handicap pour cet aliment s'il est considéré par les consommateurs comme un produit de remplacement du foutou ou du foufou. Rappelons cependant que ce n'est pas comme cela que l'amala est perçu à Cotonou et dans les villes du sud-ouest Nigeria où il est considéré comme une préparation spécifique avec ses qualités propres. Des tests d'acceptabilité du produit, voire une adaptation de ses caractéristiques organoleptiques sont donc nécessaires.
- La vérification de la compétitivité du produit par rapport aux autres amylacés. Dans les autres pays producteurs que ceux étudiés, Les rapports de prix entre les produits amylacés peuvent être différents et rendre plus ou moins compétitives les cossettes d'igname. La situation doit donc être étudiée au cas par cas.
- L'introduction, là où il manque, d'un nouveau matériel végétal dans les systèmes de culture. Les variétés kokoro ou alassora ne sont pas connues ou cultivées dans le autres pays que le Bénin, le Nigeria et le Togo. Compte tenu de leur intérêt agronomique et de leur aptitude au séchage celles-ci devraient être introduites et expériementées dans ces autres pays.
Ces recherches-actions méritent d'être entreprises car elles s'inscrivent dans l'évolution tendancielle des filières d'approvisionnement vivrier des alles en Afrique.